Ukraine: le chef d'état-major des armées affirme que le soutien à Kiev pourrait aller au delà des armes

Ukraine: le chef d'état-major des armées affirme que le soutien à Kiev pourrait aller au delà des armes

Le soutien occidental à l'Ukraine pourrait aller au delà de la seule livraison d'armes, a affirmé jeudi le chef d'état-major français des Armées, abondant les récentes déclarations controversées du président Macron indiquant qu'un déploiement de troupes au sol n'était "pas exclu".

"Les Européens doivent être capables de prendre des risques pour assurer la sécurité en Europe dans la décennie à venir", a estimé, en marge d'une brève et rare conférence de presse, le général Thierry Burkhard.

"On ne peut pas considérer que la guerre en Ukraine nous concerne au second degré. (Elle) nous concerne parce qu'on est impliqué dans ses conséquences", a-t-il insisté en recevant à Paris son homologue suédois Micael Byden.

Selon le chef d'état-major français, Kiev ne réclame pas de soutien en termes d'hommes mais l'Otan, que la Suède vient de rejoindre, doit se préparer à toutes les éventualités. "L'armée ukrainienne (...) combat très courageusement, avec déjà une remarquable efficacité. La guerre prendra fin quand la Russie arrêtera d'attaquer", a-t-il déclaré.

"Faire comprendre à Poutine que l'on est conscient de ce qui se joue en Ukraine"

Le président russe Vladimir Poutine "a construit sa manoeuvre avec l'idée que les Occidentaux n'iront jamais en Ukraine mais se contenteront de fournir des armes. Il faut lui montrer qu'il ne pourra pas utiliser cette logique pour aller au bout, parce que cette idée n'est pas juste".

Fin février, le président Macron avait déclaré que l'envoi de militaires occidentaux en Ukraine ne pouvait "être exclu", tout en précisant que rien de tel n'était décidé pour l'instant.

Malgré la controverse déclenchée en France et au sein de l'Alliance atlantique, il avait ensuite assumé des mots selon lui "pesés" et "mesurés", tout en refusant une "logique d'escalade" avec Moscou.

"L'intention du président de la République est de faire comprendre à Vladimir Poutine que l'on est conscient de ce qui se joue en Ukraine", a insisté le général Burkhard.

"Une guerre fait rage en Europe. Nous ne pouvons pas laisser cela devenir normal", a déclaré pour sa part le général Byden lors de la conférence de presse. "La Suède est prête à assumer ses responsabilités, la dissuasion et la défense". En janvier, le commandant en chef des forces armées suédoises avait affirmé que ses compatriotes devaient "se préparer mentalement à la guerre".

Élargissement des échanges militaires entre Paris et Stockholm

Les échanges militaires entre France et Suède seront élargis à des domaines comme le combat en zone polaire ou la défense civile au service de la cohésion nationale, sur laquelle la Suède est souvent citée en exemple, selon l'état-major français.

La Suède a réactivé en 2015 son concept de "défense globale", touchant toutes les strates de la société, après l'occupation de la Crimée par la Russie l'année précédente. Un ministre de la Défense civile a même été nommé.

Sur le plan militaire, Stockholm a réintroduit en 2017 une conscription limitée, rouvert l'année suivante une garnison sur l'île de Gotland, dans la mer Baltique, et massivement augmenté ses dépenses de défense après les avoir réduites.