Trump est persuadé d'avoir la solution pour mettre fin à la guerre Israël-Hamas

Trump est persuadé d'avoir la solution pour mettre fin à la guerre Israël-Hamas

Dimanche 17 mars, Donald Trump a déclaré qu'Israël devait mettre rapidement un terme à la guerre dans la bande de Gaza et «revenir dans le monde de la paix» –mais il ne faut pas se fier aux mots.

L'ancien et peut-être futur président des États-Unis n'était pas en train d'exhorter le Premier ministre Benyamin Netanyahou à cesser les bombardements ou à rappeler les troupes israéliennes. Bien au contraire: Donald Trump l'incitait à intensifier et à accélérer la campagne militaire, à «terminer le travail sans perdre de temps».

Bas du formulaire

Il a étrillé le président Joe Biden, non pas pour son indulgence envers Israël, comme l'en accusent des critiques de gauche, mais simplement parce qu'il met la pression sur Israël. «Joe Biden est tellement mauvais pour Israël, a également affirmé Donald Trump. Ils n'auraient jamais dû être attaqués. Si Joe Biden avait été bon avec Israël, ils n'auraient pas été attaqués.»

Donald Trump n'a pas expliqué, et c'est d'ailleurs loin d'être clair, comment un président américain, quel qu'il soit, aurait pu empêcher l'invasion du 7 octobre par le Hamas. Cet échec est entièrement imputable à Benyamin Netanyahou, qui a détourné trop de soldats de la frontière avec la bande de Gaza pour les envoyer protéger les colons de Cisjordanie, et aux agents des renseignements israéliens anormalement laxistes, qui n'ont pas su voir les signaux annonçant une attaque imminente.

Le 45e président des États-Unis a avancé, au cours d'une autre interview accordée à Fox News quelques jours avant, que l'invasion du Hamas «ne se serait jamais produite si [il] avai[t] été président». Bien qu'encore une fois, le fait que la présence de Donald Trump dans le Bureau ovale, même en présentant le temps qu'il y a passé sous un angle favorable, aurait pu empêcher l'attaque est tout sauf claire. Le Hamas aurait-il craint des représailles de la part des États-Unis? Benyamin Netanyahou aurait-il mieux surveillé sa frontière sud?

Évidemment, c'est du Donald Trump tout craché. Fin janvier, il a également prétendu que la Russie n'aurait pas envahi l'Ukraine s'il était resté président. Même si, en réalité, tout laisse croire qu'il aurait laissé Vladimir Poutine faire ce que bon lui chante dans tous les domaines. Surtout si cela impliquait de nuire à Volodymyr Zelensky, qu'il déteste encore à la suite de leur «parfaite» conversation téléphonique du 25 juillet 2019, point de départ de la première procédure de destitution à l'encontre de Donald Trump.

Dans son interview du 17 mars, Donald Trump a aussi accusé Joe Biden d'avoir abandonné Israël pour des raisons purement politiques. «Israël a perdu beaucoup de gens le 7 octobre, peut-être qu'il l'a oublié, a lancé Donald Trump. Il se demande: “Où vais-je pouvoir obtenir le plus de voix?” Et il voit les Palestiniens et les manifestations –elles sont très grosses– et il dit: “Je veux aller dans ce sens plutôt que dans celui d'Israël.” [Alors] il a lâché Israël d'un coup [et juste] dit: “Bibi Netanyahou ferait bien d'aller voir ailleurs.”»

Sur le même sujet

Tout cela doit grandement étonner toutes les parties impliquées –les Israéliens, les Palestiniens et les défenseurs d'un camp ou de l'autre– qui constatent que tout en faisant pression sur Israël pour qu'il ne lance pas d'offensive massive contre la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, Joe Biden s'engage à continuer de livrer des armes américaines à Israël et ce, quelles que soient ses tactiques de guerre.

Une nouvelle fois, Donald Trump joue avec le feu

Donald Trump n'a rien suggéré non plus concernant la manière dont Israël va pouvoir libérer la centaine d'otages encore retenus par le Hamas (principalement des Israéliens, mais parmi lesquels figurent cinq Américains), tout en rasant la bande de Gaza à coups de bombes. Ni n'a précisé comment Israël pourrait «revenir à la paix» –spécifiquement, comment reprendre des relations «normalisées» avec l'Arabie saoudite et d'autres voisins arabes sunnites– après avoir potentiellement tué 30.000 autres Palestiniens et réduit encore davantage la bande de Gaza en miettes.

Même dans ce cas, il resterait des combattants dans la bande de Gaza et en Cisjordanie (déterminés à poursuivre les attaques et dont l'objectif serait de détruire Israël), à moins qu'une Autorité palestinienne plus modérée et efficace n'accède au pouvoir. Mais comment cela serait-il possible, dans le sillage de l'offensive d'anéantissement que Donald Trump défend actuellement?

Il se trouve un bon paquet de gens qui n'y connaissent rien à l'histoire et qui sont persuadés que pour gagner des guerres et rétablir une sorte de paix, il suffit de faire sauter des trucs. Quand c'est un commandant en chef qui le croit, c'est dangereux.

Sur le même sujet

De son côté, Benyamin Netanyahou ne fait rien pour arranger les choses. Il a loué «l'immense soutien à Israël» apporté par Donald Trump. Le Premier ministre israélien a rappelé que, lorsque ce dernier était président, il avait reconnu que Jérusalem était la capitale d'Israël et y avait déplacé l'ambassade américaine, qu'il avait reconnu la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan et saboté l'accord sur le nucléaire iranien (il n'a pas évoqué le fait qu'à cause de cela, l'Iran n'a jamais été si près d'enrichir suffisamment d'uranium pour construire une bombe atomique).

Benyamin Netanyahou s'est hâté d'ajouter: «J'apprécie le fait que, depuis le tout début de la guerre, le président Joe Biden se tienne aux côtés d'Israël, qu'il soit venu ici, qu'il ait qualifié le Hamas de “mal absolu”, qu'il ait envoyé des porte-avions dans la région et qu'il nous ait fait parvenir des munitions. J'espère que ce soutien se poursuivra.»

Et Benyamin Netanyahou se demande pourquoi Joe Biden et de nombreux autres Américains qui soutiennent Israël voudraient le voir quitter le pouvoir.