Canada: face à un secteur des médias en crise, le groupe BCE supprime près de 4800 emplois
Après les journaux et la télévision, c’est au tour des radios privées d’être frappées de plein fouet par les changements technologiques et économiques. Le groupe de communication canadien BCE vient d’annoncer la suppression de 4 800 emplois, en grande partie dans le secteur de la communication et la vente d’une quarantaine de stations régionales de radio.
Avec notre correspondante à Montréal, Pascale Guéricolas
C’est la pire compression de personnel en trente ans pour l’entreprise Bell-Canada dont une grande partie de l’activité tourne aussi autour de la téléphonie. C’est la deuxième fois en sept mois que l’entreprise réduit ses effectifs, car elle est confrontée à une crise. L’auditoire des stations de radio traditionnellement associées au déplacement en voiture diminue depuis la pandémie et le télétravail.
Le type de contenus audio se transforme également, car les podcasts se font de plus en plus populaires. « Les gens qui écoutent les contenus audio, ce ne sont plus tant des stations de radio qui diffusent sur les ondes hertziennes, mais ce sont des balados sur Spotify ou ailleurs. Alors, il y a des changements d’habitude qui expliquent peut-être que les ventes de publicité sur les stations régionales ne sont plus ce qu’elles étaient », explique Jean-Hughes Roy, professeur à l’École des médias à l’université du Québec à Montréal.
Des licenciements pour protéger les dividendes
Bell-média aurait perdu près de 110 millions d’euros en revenus publicitaires. Dans le même temps, le groupe engrange des profits de plusieurs centaines de millions d’euros. En coupant dans le secteur moins rentable, Bell parvient cependant à garder son action à un bon prix.
« Au moment où toute l’industrie devrait se serrer les coudes, on voit que Bell décide de protéger des dividendes à des actionnaires. Aujourd’hui, ils ont préféré mettre à la porte 4 800 personnes, reculer sur leurs engagements en termes de bulletins de nouvelles, donc c’est extrêmement décevant », a estimé la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge.
Encore une fois, l’information régionale au Canada risque de se réduire comme peau de chagrin. Depuis plus d'une décennie, le gouvernement canadien estime que près de 500 médias du pays ont fermé leurs portes et des milliers de journalistes ont perdu leur emploi.