Antony Blinken à l’épreuve des influences russes et chinoises en Afrique

Antony Blinken à l’épreuve des influences russes et chinoises en Afrique

Le dernier sommet États-Unis-Afrique de décembre 2022 a-t-il porté ses fruits ? C'est sans nul doute pour constater l'avancée des réalisations nées des engagements pris par Washington que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, entame une quatrième tournée sur le continent africain après plusieurs mois consacrés au Moyen-Orient. À compter de ce lundi 22 janvier, il va visiter quatre pays, le Cap-Vert, la Côte d'Ivoire, le Nigeria et l'Angola, alors que l'administration Biden cherche également à prouver que les États-Unis sont un partenaire clé face à la Chine et la Russie, qui restent très influentes. « Nous avons des défis sur le continent africain, mais… nous avons aussi beaucoup d'opportunités dont le président et le secrétaire ont fait une priorité », a fait savoir le porte-parole du département d'État, Matt Miller, dans un communiqué. Molly Phee, secrétaire d'État adjointe aux Affaires africaines, a décrit ce voyage comme un programme « tourné vers l'avenir ».

Économie et sécurité au programme

À l'agenda, il sera surtout question de croissance économique et de comment « faire progresser les partenariats de sécurité fondés sur des valeurs communes telles que le respect des droits de l'homme, la promotion de la démocratie et l'extension de l'État de droit », a ajouté Matt Miller. Le Cap-Vert est une étape importante pour Washington car le pays est considéré comme la porte de l'Afrique et un modèle de démocratie. À Abidjan, Antony Blinken doit rencontrer le président Alassane Ouattara, avant d'assister à un match de football, au moment où se tient la 34Coupe d'Afrique des nations.

Au Nigeria, première économie d'Afrique et siège de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Antony Blinken se rendra à Abuja pour rencontrer le président Bola Ahmed Tinubu, puis à Lagos. Le géant ouest-africain est aux prises avec d'immenses défis en matière de sécurité intérieure. Lors de ces étapes, les défis sécuritaires figureront parmi les sujets clés que le secrétaire d'État américain abordera avec les dirigeants africains. En effet, le putsch de juillet au Niger qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, toujours détenu et l'un des principaux partenaires des États-Unis dans la région, reste à ce jour un épineux dossier. La Côte d'Ivoire et le Nigeria étaient les deux pays les plus opposés au coup d'État au Niger, soutenant les sanctions de l'organisation ouest-africaine.

Garder un œil sur le Niger

Mais la visite d'Antony Blinken dans la région intervient alors que la junte militaire au pouvoir au Niger a annoncé le renforcement de sa coopération militaire avec la Russie, qui dispose désormais d'un solide ancrage dans la sous-région. « Nous n'avons aucune objection à ce que les pays diversifient leurs partenariats », a déclaré Molly Phee lors d'un échange avec des journalistes. « Évidemment, s'ils choisissaient d'établir un partenariat avec des pays comme la Russie, ce serait très compliqué », a-t-elle mis en garde, citant les exemples du Mali et de la Centrafrique où Moscou est également actif par l'entremise du groupe de mercenaires Wagner. « Ce n'est pas un modèle que je voudrais suivre », a affirmé la madame Afrique de Joe Biden. « Nous avons fait nos preuves là-bas, ils en sont bien conscients, et nous espérons qu'ils prendront la bonne décision. »