Taïwan appelle la Chine à "respecter les résultats de l'élection" présidentielle

Taïwan appelle la Chine à

Taïwan demande à Pékin de "faire face à la réalité et à renoncer à réprimer" l'île, alors qu'un candidat indépendantiste a été déclaré vainqueur de la présidentielle samedi 13 janvier et que la Chine a réitéré ses menaces de réunifier ses provinces.

"Le ministère des Affaires étrangères appelle les autorités de Pékin à respecter les résultats de l'élection, à faire face à la réalité et à renoncer à réprimer Taïwan", selon un communiqué du ministère taïwanais.

Affirmant avoir reçu les félicitations de "plus de 50 pays dont 12 alliés diplomatiques", le ministère a dénoncé les "commentaires absurdes et erronés" des autorités chinoises.

Pékin réaffirme que "Taïwan fait partie de la Chine"

Plus tôt ce dimanche, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères avait réaffirmé sur le réseau social X (ex Twitter) que, malgré le vote, "Taïwan fait partie de la Chine".

Dès samedi soir, le pays communiste, qui considère Taïwan comme l'une de ses provinces à réunifier par la force si nécessaire, avait assuré que ce vote "n'entravera(it) pas la tendance inévitable d'une réunification avec la Chine".

Et il avait promis de "s'oppos(er) fermement aux activités séparatistes visant à l'indépendance de Taïwan ainsi qu'à l'ingérence étrangère".

Un nouveau président indépendantiste

Au terme d'une campagne marquée par une forte pression diplomatique et militaire de la Chine, le vice-président sortant Lai Ching-te, 64 ans, a remporté l'élection présidentielle à un tour avec 40,1% des voix.

Il prendra ses fonctions le 20 mai, aux côtés de sa vice-présidente, Hsiao Bi-khim, ancienne représentante de Taipei à Washington.

Issu du Parti démocrate progressiste (DPP) comme la présidente sortante Tsai Ing-wen - qui ne pouvait se représenter après deux mandats -, Lai Ching-te a promis de "protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine".

Perçu comme un "grave danger" par Pékin

Celui qui, par le passé, s'était défini comme "un artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan", a depuis adouci son discours: désormais, comme Tsai Ing-wen, il adopte une position plus nuancée, affirmant qu'un processus d'indépendance n'est pas nécessaire car l'île est indépendante de facto, avec son propre gouvernement et ses élections. Mais il reste perçu par Pékin comme un promoteur d'"activités séparatistes liées à l'indépendance" et "un grave danger" pour les relations entre la Chine et Taïwan.

La Chine avait donc appelé les Taïwanais à faire "le bon choix", mais ceux-ci ont préféré Lai Ching-te à son principal opposant Hou Yu-ih, du Kuomintang, qui prônait un rapprochement avec Pékin.

"Nous disons à la communauté internationale qu'entre la démocratie et l'autoritarisme, nous serons du côté de la démocratie", a lancé le président élu face à ses partisans, promettant toutefois de "poursuivre les échanges et la coopération avec la Chine", premier partenaire commercial de l'île.

Une délégation américaine attendue sur place

Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les États-Unis. Dès ce dimanche, une délégation informelle composée de l'ancien conseiller à la Sécurité nationale Stephen Hadley, de l'ex-secrétaire d'État adjoint James Steinberg et de la présidente de l'Institut américain à Taïwan Laura Rosenberger arrivera à Taïwan.

Cette délégation rencontrera lundi "une série de personnalités politiques de premier plan et transmettra les félicitations du peuple américain à Taïwan pour le succès des élections", selon le communiqué de l'Institut.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a félicité Lai Ching-te ainsi que les Taïwanais pour leur "solide système démocratique". Mais "nous ne soutenons pas l'indépendance", a assuré de son côté le président Joe Biden.

Les États-Unis ne reconnaissent pas Taïwan comme un État et considèrent la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime, mais apportent néanmoins à l'île une aide militaire importante.