PROJET GRAND INGA

PROJET GRAND INGA

L’Afrique constitue la région du monde la moins desservie en énergie électrique et la moins industrialisée, alors que ce continent enregistre une forte croissance démographique. Dans la perspective de 2,4 milliards d’habitants en 2050, contre seulement 1,2 milliard en 2020, le développement des sources d’énergie durables s’avère tout aussi indispensable qu’urgent. Les chiffres sont éloquents : un Africain sur trois – soit 700 millions d’individus – n’a pas accès à l’électricité.

Dans le domaine des affaires, on évalue à environ 10 millions le nombre de petites et moyennes entreprises privées de cette énergie. L’accès à l’électricité devient dès lors un enjeu stratégique compte tenu des pressions démographiques et des préoccupations relatives à l’émergence économique des pays africains. Pour faire face aux besoins en perspective, l’Afrique devrait produire 7 000 MW supplémentaires par an, alors qu’aujourd’hui, elle arrive à peine à générer plus de 1 000.

Le potentiel d’énergie hydroélectrique en République Démocratique du Congo et particulièrement celui du site hydroélectrique d’Inga, constituerait une réponse concrète aux besoins de l’industrialisation et du développement du continent africain.

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Inga

En effet, la République Démocratique du Congo dispose d’un potentiel évaluée à 100 000 MW dont 44 000 dans le site d’Inga. Ceci représente deux fois la puissance installée du grand barrage chinois des Trois Gorges. Il peut fournir de l’électricité de l’Afrique du Sud à l’Égypte. Après la mise en œuvre de deux premières phases (Inga 1 et 2) destinées à répondre aux besoins strictement locaux, l’aménagement du site d’Inga III et la création d’une zone économique spéciale dans le site de Grand permettra de séduire les industriels et les investisseurs étrangers à s’installer et à développer les industries qui peuvent servir à la construction du Grand Inga pendant au moins 20 ans. Cette stratégie ferra de la RDC un pôle majeur de croissance du continent qui sera non pas seulement indispensable mais plutôt stratégique pour la libération du potentiel global de développement de ce pays et du continent. C’est de la République Démocratique que pourrait venir la meilleure solution au problème de déficit énergétique et de l’industrialisation qui plombe la croissance économique de la RDC et du continent. Son potentiel du Grand Inga représente 37% de celui de tout le continent et près de 6% du potentiel mondial. Le site d’Inga représente à lui seul 44% de ce potentiel. Ainsi, s’investir à la réalisation du barrage d’Inga, c’est contribuer à paver la voie vers une solution efficace et durable au problème de déficit énergétique et de l’industrialisation du continent. Le coût de matérialisation du projet d’Inga III et plus tard, celui du Grand Inga, étant estimés respectivement à 14 et 80 milliards de dollars américains. Ces deux projets offrent une perspective de développement durable, en tant que source d’énergie renouvelable et la moins chère d’Afrique et, de surcroît, la plus propre (avec une empreinte carbone minime, voire nulle).

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Martin Dodge, Ingénieur en mécanique turbine, Hydroélectrique, Hatch

L'industrialisation inclusive et durable de la RDC est essentielle pour promouvoir la transformation structurelle, accroître la valeur ajoutée manufacturière et la production manufacturière, et créer des emplois décents. Alors qu’au stade actuel les retombées économiques sont très limitées d’où la nécessité de changer les paradigmes. La construction du Grand Inga permettra de relever ce défi en attirant les industries dans la zone économique spéciale pour fournir les services, les équipements et les matériels aux développeurs du projet Grand Inga. C’est à ce prix que seront couronnés le succès et les efforts visant à éradiquer la pauvreté, à réduire les inégalités et à exploiter pleinement le dividende du Projet Grand Inga pour la RDC.

Une opportunité pour mobiliser les ressources locales pour le projet Grand Inga dans un horizon court terme.

Le Congo est riche en matières premières nécessaire à la construction du Grand Inga, mais les retombées économiques sont relativement limitées dans le pays hôte, avec une portion majoritaire des dépenses du projet réalisé à l'étranger. Or le projet Inga, dans son ensemble, dépasse les 40,000 MW. Un portfolio de 40,000 MW dépasse la capacité de production d’Hydro-Québec(1). Pour le Canada, le Brésil, la Chine et bien d’autres pays maintenant développés, de tels projets ont donné naissance à une industrie locale vibrante. Le projet du Grand Inga, dont la construction pourrait prendre jusqu’à 20 ans, est une opportunité pour le pays et l’Afrique de créer un noyau industriel et peut-être devenir le pôle d’expertise hydroélectrique.

Si nous considérons les autres centrales en opération actuellement et celles dans les pays limitrophes, il serait pertinent que le projet ait une composante fabrication locale (contenu local) accrue non seulement avec les usines nécessaires pour la fabrication du génie civil, mais aussi une portion des usines pour la fabrication des équipements en acier. Ce modèle est commun et des pays comme le Brésil ont réussi à implanter des fabricants locaux qui aujourd’hui rayonnent sur le marché international. Le Congo étant un pays riche en ressources : il est donc logique de développer une industrie secondaire capable de servir les besoins du Grand Inga. Cette approche aidera aussi à maximiser les retombés économiques, aider à l’acceptabilité sociale du projet, et aussi développer l'expertise et le service d'entretien pour les générations à venir. Aussi, une production locale pourrait aider à réduire la demande pour la construction des infrastructures à usage unique. Certaines des composantes des centrales sont si gigantesques qu’elle demanderait la construction de ponts et routes à usage quasi unique.

L’un des arguments contrôle l’implantation d’une grappe industrielle est le déficit d’infrastructure et énergique du pays au moment de la construction. Or, de nouvelles technologies de production d’électricité peuvent surmonter ces obstacles. Un projet de la taille du Grand Inga aura accès à différentes stratégies pour subvenir aux besoins en électricité: énergie solaire, éolien, hydroélectricité de petite capacité, batteries de grande capacité. La plupart de ces projets peuvent être mis en service en moins de deux ans. Par exemple, il est peut-être possible de construire une centrale mini-hydro (moins de 50 MW) combiné à une autre source d’énergie renouvelable pour alimenter le village et les infrastructures nécessaires pour le projet. Un projet mini hydro peut se réaliser rapidement si on considère l'installation de groupes compacts de moins de 10 MW chacun. Dans le contexte environnemental actuel, il ne fait aucun sens de faire venir des génératrices diesel ou gaz. Par ailleurs, les énergies renouvelables sont compétitives. En cet effet, la RDC dispose également d’un potentiel photovoltaïque estimé à 70.000 mégawatt grâce à son exposition naturelle sous la ligne de l’Équateur.

(*) Martin Dodge, Ingénieur en mécanique turbine, Hydroélectrique, Hatch

(1) Overview of Hydro Québec’s Energy Resources (hydroquebec.com)