Argentine : Javier Milei, nouveau président « anarcho-capitaliste » élu sur un programme choc

Argentine : Javier Milei, nouveau président « anarcho-capitaliste » élu sur un programme choc

INTERNATIONAL - C’est une nouvelle figure politique avec laquelle il va falloir apprendre à composer. Après avoir surgi il y a seulement deux ans en politique, le candidat ultralibéral Javier Milei a été élu ce dimanche 19 novembre président de l’Argentine, bien aidé par un programme choc.

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À 53 ans, Javier Milei aura réussi à construire sa victoire en captant la colère populaire de tout un pays, à qui il a promis austérité, dérégulation et privatisations, à l’instar d’autres dirigeants ayant accédé au pouvoir en se présentant comme des candidats hors système.

D’ailleurs, Javier Milei, économiste de profession, aura forgé sa campagne et son programme sur la promesse d’un retour de l’Argentine au premier plan. Le candidat vainqueur a d’ailleurs promis de refaire de son pays « une puissance mondiale », comme lorsqu’elle était « terre promise » d’émigration, au début du XXe siècle.

Un thème de « grandeur retrouvée » qui n’est pas sans rappeler Donald Trump, pour lequel il a déjà exprimé son admiration.

Le pouvoir de l’État à genoux

Pour ce faire, « le président que la majorité des Argentins a élu pour les quatre prochaines années », comme l’a reconnu son principal opposant Sergio Massa -qui n’a récolté que 44,04 % des voix- n’a eu de cesse, meeting après meeting, de cultiver sa différence.

Ses outils pour faire face à 143 % d’inflation sur un an avec quatre Argentins sur dix sous le seuil de pauvreté ? Une tronçonneuse brandie en meetings, symbolisant les coupes à venir dans la dépense publique, pour en finir avec « cette aberration appelée justice sociale, synonyme de déficit budgétaire ».

Prônant la libéralisation totale, le Courrier International rappelle qu’il avait exposé sa vision singulière de l’État dans une interview à la radio argentine Mitre, en juin 2022 : « C’est un marché comme un autre. Pourquoi l’État doit-il tout réguler ? C’est une décision qui appartient à chacun. Pourquoi je ne pourrais pas décider ce que je veux faire de mon corps ? C’est la première de mes propriétés. Pourquoi je ne pourrais pas en disposer ? », défendait-il.

Sur les questions d’économie, Milei a également pour objectif de dollariser l’économie et d’éliminer la Banque centrale, une fois que le billet vert aura remplacé le peso, qu’il compare à un « excrément ».

Mais s’il présente un programme économique radical, son discours de méritocratie et de dégagisme trouvent un écho certain auprès d’une jeunesse argentine populaire mais surtout désabusée. Toutefois, c’est surtout sur les questions sociales et sociétales que Javier Milei compte tout dynamiter.

La vente d’enfants ? « Ça dépend »

Avec son look atypique et son surnom de « lion », il a depuis deux ans habitué les Argentins à ses sorties chocs. Des idées parfois polémiques, comme lorsqu’il propose la dérégulation de la vente d’armes, une « solution de marché » pour le don d’organes, ou évoque le changement climatique comme un « cycle » qui n’est pas « une responsabilité de l’homme ».

Opposé à l’avortement, qui a pourtant été légalisé fin 2020 en Argentine, il compte pour cela organiser un référendum pour abroger la loi après son élection.

L’homme s’est également montré très ambigu sur le sujet de la vente de nourrissons ou d’enfants. « Personnellement, si j’avais un enfant, je ne le vendrais pas et ce n’est pas un débat actuel dans la société argentine. Mais peut-être dans deux cents ans, qui sait ? », avait-il lâché sur le sujet après une question pour savoir s’il était pour ou contre le fait de légitimer la vente d’enfants. « Ça dépend », avait-il ajouté.

Toutefois, la folie des grandeurs de Milei s’est quelque peu calmée entre le premier et le second tour de la présidentielle argentine. Moins présent dans l’espace médiatique et moins radical dans ses récentes déclarations, le vainqueur de l’élection avait même essayé de minimiser certains aspects de son programme avec un nouveau slogan (« n’ayez pas peur du changement ») et de quoi rassurer les plus fébriles quant à son accession au pouvoir : « nous n’allons pas privatiser la santé, pas privatiser l’éducation », assurait-il pour cela dans son dernier clip.

La Libertad Avanza, son parti politique n’étant que la troisième force nationale, Javier Milei n’a pas vraiment d’autres choix que de calmer le jeu. Car il sera obligé de trouver des compromis, avec seulement 38 députés sur les 257 que compte le Parlement argentin.