En Équateur, le président Guillermo Lasso dissout le Parlement en raison d’une « grave crise politique »

En Équateur, le président Guillermo Lasso dissout le Parlement en raison d’une « grave crise politique »

Le président équatorien Guillermo Lasso a ordonné mercredi la dissolution du Parlement et la tenue d’élections législatives anticipées, dont l’opposition pourrait sortir renforcée. Dans un communiqué diffusé par ses services, le chef de l’État conservateur annonce « dissoudre l’Assemblée nationale en raison de la grave crise politique et des troubles intérieurs ». « C’est une décision démocratique, non seulement parce qu’elle est constitutionnelle mais aussi parce qu’elle rend au peuple équatorien la possibilité de décider », s’est-il justifié sur la chaîne de télévision nationale.

Guillermo Lasso est en effet visé par un procès en destitution, ouvert mardi devant le Parlement, où l’opposition de gauche est majoritaire. Celle-ci accuse le président de malversations dans le cadre d’un contrat public portant sur le transport de pétrole brut. Il lui est reproché d’avoir eu connaissance de ce contrat préjudiciable à l’Équateur et de ne pas être intervenu pour y mettre un terme dès la prise de ses fonctions en mai 2021. À l’ouverture de son procès en destitution, le président équatorien avait plaidé sa « totale, évidente et incontestable innocence » devant les députés.

L’opposition dénonce un « coup d'État »

L’ancien président Rafael Correa (2007-2017), qui dirige l’opposition malgré sa condamnation à huit ans de prison par contumace pour corruption et vit en exil en Belgique, a qualifié la décision de M. Lasso d’« illégale » et de « coup d'État », y voyant « le dernier clou planté dans son propre cercueil politique ». Une alliance d’organisations de gauche a appelé à défendre dans la rue « les droits et les libertés ».

Impopulaire, Guillermo Lasso avait déjà été visé en juin dernier par une procédure de destitution, au moment de violentes manifestations indigènes contre la hausse du coût de la vie. Il n’avait manqué à cette procédure que 12 voix de députés pour aboutir. L'Équateur a connu une grande instabilité politique entre 1997 et 2005, une période au cours de laquelle trois présidents ont été renversés par des révoltes populaires. Le pays est en outre confronté depuis des mois à une vague de violences, due à une lutte de pouvoir entre gangs impliqués dans le trafic de drogue.