Guerre en Ukraine: l'échange entre Xi Jinping et Volodymyr Zelensky salué par les Occidentaux

Guerre en Ukraine: l'échange entre Xi Jinping et Volodymyr Zelensky salué par les Occidentaux

Le président chinois Xi Jinping a assuré mercredi à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que la Chine avait "toujours été du côté de la paix" et appelé à "la négociation", à l'occasion de leur premier entretien téléphonique depuis le début de l'offensive russe en Ukraine.

"Sur le sujet de la crise ukrainienne, la Chine a toujours été du côté de la paix et sa position fondamentale est de promouvoir un dialogue de paix", a déclaré Xi Jinping, selon la chaîne de télévision d'Etat CCTV.

"Le dialogue et la négociation" sont la "seule issue" au conflit en cours avec la Russie, a encore dit le chef de l'Etat chinois, promettant que son pays ne chercherait pas à "tirer profit" de cette "crise".

Volodymyr Zelensky a quant à lui simplement souligné dans un tweet avoir eu un échange "long et significatif" avec Xi Jinping.

Une "bonne chose" pour Washington, Moscou "prend acte"

Washington a, comme Paris, salué cette conversation, la qualifiant de "bonne chose", tout en disant "ignorer pour l'instant" si cela "peut déboucher sur une initiative, une proposition ou un plan de paix sérieux".

La Russie a de son côté "pris acte" de la volonté de Pékin de "s'efforcer de mettre en place un processus de négociation" entre Moscou et Kiev mais a vertement accusé l'Ukraine de "saper les initiatives de paix" de par son refus de dialoguer avec elle et lui a reproché de "rejeter toute initiative sensée visant à un règlement politique et diplomatique de la crise".

Volodymyr Zelensky a par ailleurs dit espérer "une impulsion puissante au développement des relations bilatérales" entre son pays et Pékin, annonçant dans la foulée la nomination de Pavlo Riabikine, un ex-ministre des Industries stratégiques âgé de 57 ans, aux fonctions d'ambassadeur en Chine, un poste vacant depuis février 2021.

L'entretien des deux chefs d'Etat a duré "presque une heure", a précisé le porte-parole de Volodymyr Zelensky, Serguiï Nykyforov. Il a eu lieu "à l'initiative de la partie ukrainienne", a assuré la diplomatie chinoise.

Une délégation chinoise bientôt envoyée en Ukraine

Il s'est agi du premier échange connu entre les deux hommes depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. Leur précédente conversation téléphonique remontait à juillet 2021.

Selon le compte-rendu de CCTV, Xi Jinping a également rappelé son opposition au recours à l'arme nucléaire : "Lorsqu'elles traitent de la question nucléaire, toutes les parties concernées doivent rester calmes et modérées, se concentrer véritablement sur leur avenir et leur destin ainsi que sur celui de l'humanité tout entière et gérer et contrôler ensemble la crise".

La Chine a en outre fait savoir mercredi qu'elle dépêcherait une délégation en Ukraine afin de rechercher un "règlement politique" au conflit.

"La partie chinoise enverra un représentant spécial du gouvernement chinois, chargé de l'Eurasie, en Ukraine et dans d'autres pays pour des échanges en profondeur avec toutes les parties vers un règlement politique de la crise ukrainienne", a expliqué le ministère des Affaires étrangères.

L'invasion russe pas condamnée publiquement par Pékin

Volodymyr Zelensky souhaitait depuis des mois s'entretenir avec son homologue chinois dans l'espoir de rendre plus favorable à son pays la position de la Chine au regard de l'invasion russe mais, selon des experts, celle-ci ne répondait pas aux propositions ukrainiennes. Pékin avait diffusé en février un document en 12 points présentant sa position sur le conflit en Ukraine et parfois perçu comme un plan de paix.

Moscou et Kiev y étaient exhortés à engager des pourparlers tandis qu'y figuraient aussi une mise en garde face à tout recours à l'arme nucléaire et un appel à respecter l'intégrité territoriale de tous les pays - sous-entendu également celle de l'Ukraine dont une partie du territoire est sous contrôle russe.

La Chine, qui n'a pas condamné publiquement la guerre en Ukraine et n'a pas reconnu en septembre l'intégration de quatre régions ukrainiennes à la Fédération de Russie - elle ne l'avait pas fait non plus en 2014 au moment de l'annexion de la Crimée -, a fortement accru ces derniers mois sa coopération politique et économique avec son voisin russe.

Tumultueuses à l'époque de la Guerre froide, les relations Pékin-Moscou se sont nettement renforcées ces dernières décennies pour faire front commun face à l'influence des Etats-Unis. Xi Jinping s'est ainsi rendu il y a quelques semaines à Moscou pour y réaffirmer son partenariat avec le président russe Vladimir Poutine.