Après la Chine, Lula se tourne vers l'Europe en commençant par le Portugal

Après la Chine, Lula se tourne vers l'Europe en commençant par le Portugal

Après un déplacement en Chine marqué par des propos controversés sur la guerre en Ukraine, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva entame samedi une visite au Portugal suivie d'un passage en Espagne pour renouer avec l'Europe et briser l'isolement des années Bolsonaro.

Pour son premier voyage en Europe depuis son retour au pouvoir, l'icône de la gauche latino-américaine a choisi de faire une visite d'Etat de quatre jours chez l'ex-puissance coloniale dont le Brésil s'est séparé en 1822.

L'ancien ouvrier métallurgiste de 77 ans, qui a déjà gouverné le Brésil de 2003 à 2010, souhaite remettre son pays au centre de la géopolitique mondiale et tente de jouer les équilibristes depuis le début de son mandat.

Il a voyagé dès février à Washington pour une rencontre à la Maison Blanche avec son homologue américain Joe Biden, et a visité récemment la Chine, premier partenaire commercial du Brésil.

Mais Lula a suscité une vive polémique en affirmant à Pékin que les Etats-Unis devaient cesser "d'encourager la guerre" en Ukraine et que l'Union européenne devait "commencer à parler de paix".

Des propos durement critiqués par Washington, qui l'a accusé de "faire l'écho de la propagande russe et chinoise sans prendre en compte les faits".

- Changement de ton sur l'Ukraine -

Le dirigeant brésilien a également réaffirmé que les responsabilités de la guerre déclenchée par l'invasion russe en Ukraine en février 2022 étaient partagées entre les deux pays.

Lundi, il a reçu à Brasilia le ministre des Affaires étrangères russe Serguei Lavrov, qui a "remercié" le Brésil pour sa "contribution" dans la recherche d'une solution au conflit, et pour "son excellente compréhension de la genèse de cette situation".

Sous le feu des critiques, Lula a néanmoins changé de ton mardi, condamnant la "violation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine" par la Russie.

Au Portugal, membre fondateur de l'Otan et un des premier pays européens à fournir des chars de combat à Kiev, l'ambiguïté de Brasilia n'a pas fait bonne impression.

"La position brésilienne aux Nations unies a toujours été la même: aux côtés du Portugal, des Etats-Unis et de l'Otan. (...) Cela dit, c'est très simple: si le Brésil change de position cela ne regarde pas le Portugal, qui maintiendra sa position et nous serons en désaccord", avait réagi en début de semaine le président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa.

- Chico Buarque et Révolution des Œillets -

Ce sujet épineux sera certainement abordé samedi lorsque Lula rencontrera son homologue puis le Premier ministre portugais, le socialiste Antonio Costa.

A l'occasion d'un 13e sommet luso-brésilien, le premier en sept ans, une douzaine d'accords bilatéraux doivent être signés, notamment dans les domaines de l'énergie, des sciences, de l'éducation et du tourisme.

Lundi, après une réunion avec des entrepreneurs près de Porto (nord), Lula prendra part à la remise de la plus haute distinction de la littérature lusophone, le Prix Camoens, au célèbre chanteur et auteur brésilien Chico Buarque.

Ce dernier, connu pour son engagement à gauche et contre la dictature militaire brésilienne (1964-1985), avait été annoncé comme lauréat en 2019, mais l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro avait refusé de signer les documents nécessaires pour que la récompense lui soit officiellement remise.

Avant de s'envoler pour Madrid, Lula prononcera mardi un discours au Parlement portugais lors d'une séance précédant les commémorations du 49e anniversaire de la Révolution des Œillets, qui a mis fin à 48 ans de dictature de droite et 13 années de guerres coloniales en Afrique.