Cinq choses à savoir de la visite de Xi Jinping en Russie

Cinq choses à savoir de la visite de Xi Jinping en Russie

Le président chinois Xi Jinping entame lundi une visite d'État en Russie, un voyage « pour la paix » selon Pékin qui cherche à jouer le médiateur dans la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine. Une visite critiquée par l'Occident, et abordé d'un œil anxieux par l'Ukraine. Voici cinq choses à savoir.

Une relation sino-russe sans précédent

Xi Jinping, qui vient d'entamer un troisième mandat de président, chose inédite en Chine, appelle régulièrement Vladimir Poutine son « vieil ami ». Dans une tribune pour un journal chinois, ce dernier parle aussi du dirigeant chinois comme d'un « bon vieil ami » avec qui il indique avoir les « relations les plus chaleureuses ».

Unis par un partenariat « sans limites », célébré l'an passé trois semaines avant le début de l'intervention en Ukraine, Pékin et Moscou se sont rapprochés ces dernières années, notamment pour faire front commun contre les Occidentaux.

La qualité des liens entre Moscou et Pékin est « supérieure à celle des unions politiques et militaires des temps de la guerre froide », « notre dialogue politique est franc au maximum, alors que notre coopération stratégique est devenue exhaustive et elle entre dans une nouvelle ère », s'est félicité le dirigeant du Kremlin.

Si les trois jours de visite auront pour sujet principal la guerre en Ukraine, les deux dirigeants signeront notamment « une déclaration commune […] sur l'approfondissement des relations de partenariat exhaustif et de relation stratégique entrant dans une nouvelle ère » ainsi qu'un document portant sur la coopération économique bilatérale à l'horizon 2030, a encore déclaré Vladimir Poutine.

Xi Jinping se positionne comme un médiateur

La Chine veut se présenter comme un artisan de la paix. Pour cela, elle met en exergue son poids dans la récente réconciliation diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Nombre d'analystes doutent toutefois de la capacité de Xi Jinping à opérer un pareil rapprochement sur le dossier ukrainien, au vu des liens qui unissent Moscou et Pékin – et de son relatif manque d'influence sur le Kremlin.

La Chine avait l'avantage d'être en bons termes avec l'Iran et l'Arabie saoudite, mais malgré son amitié avec la Russie, elle « n'a pas de liens étroits avec l'Ukraine (et maintient) une forte rhétorique anti-Otan », rappelle Abanti Bhattacharya, spécialiste de l'Asie de l'Est à l'Université de Delhi (Inde).

Pékin appelle toutefois au respect de l'intégrité territoriale des États – y compris de l'Ukraine. Et le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a encore exhorté la semaine dernière Ukrainiens et Russes à s'engager dans des pourparlers de paix.

L'Ukraine discrète mais inquiète

L'Ukraine attend non sans appréhension cette visite, redoutant que Pékin, allié stratégique russe, puisse à terme décider de livrer des armes à Moscou, et peser ainsi sur l'issue de la guerre.

En l'absence de tout levier d'influence, les Ukrainiens espèrent que la pression de leurs alliés occidentaux sur le pouvoir chinois aidera à préserver ce fragile équilibre. « Les attentes de l'Ukraine sont au niveau minimum : que cela ne se détériore pas », estime auprès de l'AFP Serguiï Solodky, directeur-adjoint du centre d'analyse ukrainien New Europe.

Le sujet est si sensible que les autorités ukrainiennes ne souhaitent pas commenter publiquement ce voyage. « L'Ukraine va suivre de près cette visite », s'est borné à déclarer à l'AFP un haut responsable ukrainien s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

« Pour nous, il est d'une importance critique que la Chine maintienne sa politique du respect inébranlable de l'intégrité territoriale des autres pays », a-t-il ajouté, Moscou ayant revendiqué l'annexion de cinq régions ukrainiennes.

Selon le quotidien américain Wall Street Journal, Xi Jinping, au nom de la neutralité affichée par son pays, pourrait également s'entretenir avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky une fois de retour en Chine.