Après la faillite de Silicon Valley Bank, Biden demande des comptes aux responsables

Après la faillite de Silicon Valley Bank, Biden demande des comptes aux responsables

ÉTATS-UNIS - Joe Biden est ferme : les responsables de la faillite de Silicon Valley Bank (SVB, 16e banque du pays) et de l’institution financière Signature Bank devront rendre des comptes, s’est engagé dimanche 12 mars le président américain.

« Je suis fermement dévoué à demander des comptes aux responsables de ce gâchis », a assuré Joe Biden dans un communiqué de la Maison Blanche, assurant que « le peuple américain et les entreprises américaines peuvent avoir confiance dans le fait que leurs dépôts bancaires seront là lorsqu’ils en auront besoin ».

I’m firmly committed to holding those responsible for this mess fully accountable and to continuing our efforts to… https://t.co/pZ3EQKEK0y

— President Biden (@POTUS) Voir le tweet

Joe Biden a par ailleurs fait savoir qu’il s’exprimera lundi matin aux États-Unis pour rassurer les Américains sur le système bancaire. « Je ferai des remarques sur la manière dont nous maintiendrons un système bancaire résilient pour protéger notre reprise économique historique », a-t-il déclaré dimanche soir dans ce communiqué.

L’argent déposé pourra être retiré en intégralité

Dans le même temps, les autorités américaines ont annoncé une série de mesures pour rassurer particuliers et entreprises sur la solidité du système bancaire américain et vont notamment garantir le retrait de l’intégralité des dépôts de la banque Silicon Valley Bank, même au-delà de la limite de 250 000 dollars.

Outre SVB, elles vont permettre l’accès à tous les dépôts d’un autre établissement, Signature Bank, qui a été fermé d’office par le régulateur, à la surprise générale, selon un communiqué. « Je suis heureux qu’ils aient trouvé une solution qui protège les travailleurs, les petites entreprises, les contribuables et notre système financier », a réagi à ce sujet Joe Biden.

At my direction, @SecYellen and my National Economic Council Director worked with banking regulators to address pro… https://t.co/ebbT6FocxT

— President Biden (@POTUS) Voir le tweet

La Réserve fédérale (Fed) - la banque centrale américaine - s’est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d’autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.

Ces mesures ont été prises conjointement par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la Fed et l’Agence de garantie des dépôts (FDIC), après consultation avec le président américain Joe Biden, selon le communiqué.

« Protéger l’économie américaine »

L’ensemble du dispositif témoigne des turbulences qui menacent le système bancaire américain, perturbé par le resserrement monétaire de la Fed à marche forcée. La hausse des taux a mis sous pression les banques, qui prêtent souvent à long terme mais empruntent à court terme, les taux courts étant actuellement très supérieurs aux taux longs.

Elle a aussi incité des clients à placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les comptes courants et a bousculé le secteur des nouvelles technologies, gourmant en cash.

La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance de trois banques cette semaine, à savoir SVB, Signature Bank mais aussi Silvergate Bank, plus petite mais connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.

La New-Yorkaise Signature Bank est la 21e banque américaine, avec des actifs estimés par la Fed à 110 milliards de dollars, fin 2022. Sa défaillance est la troisième plus importante de l’histoire des États-Unis, derrière SVB et Washington Mutual, en 2008.

« Aujourd’hui, nous prenons des mesures décisives pour protéger l’économie américaine en renforçant la confiance dans notre système bancaire », ont indiqué Fed, Trésor et FDIC dans leur communiqué. « Cette initiative va permettre au système bancaire américain de continuer à jouer son rôle vital de protection des dépôts et d’accès au crédit pour ménages et entreprises », ont-ils poursuivi.

« La situation n’est pas celle de 2008 »

Après l’annonce de la prise de contrôle de SVB par la FDIC, vendredi, beaucoup s’étaient inquiétés du sort des dépôts bloqués par la défaillance de l’établissement. Quelque 96 % d’entre eux n’étaient, en effet, pas couverts par la garantie traditionnelle des dépôts, qui assure jusqu’à 250 000 dollars par client et par banque.

« Le système bancaire est beaucoup plus résilient et doté d’une bien meilleure assise qu’avant la crise financière », a martelé un responsable du Trésor. « Pour être clair, la situation n’est pas celle de 2008. »

« Les actions de la Fed ce week-end sont destinées à mettre fin aux perturbations dans le secteur bancaire et le système financier qui s’étaient manifestées rapidement ces derniers jours », a expliqué un responsable de la Fed. L’ensemble des mesures dévoilées dimanche étaient « nécessaires pour traiter le risque systémique que nous avons observé sur les marchés financiers », a-t-il appuyé.

La solution annoncée dimanche protège les déposants mais « les investisseurs (actionnaires) de ces deux banques (SVB et Signature Bank) vont tout perdre » et leurs dirigeants seront remplacés, a souligné le responsable de la Fed.

Des répercussions sur le secteur technologique ?

Parallèlement, les autorités américaines ont mis aux enchères SVB avec l’objectif de trouver un repreneur au plus vite. La course contre la montre engagée par les autorités américaines rappelle le week-end des 13 et 14 septembre 2008.

Elles avaient alors échoué à trouver un repreneur pour la banque Lehman Brothers et refusé d’intervenir, la poussant au dépôt de bilan le lundi, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier et l’économie toute entière.

Outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disaient préoccupés par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà. SVB se targuait d’avoir pour clients « près de la moitié » des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains.

Les dépôts de SVB se montaient autour de 170 milliards de dollars, selon un document publié mercredi par l’établissement, mais des retraits colossaux sont intervenus depuis. « Beaucoup de déposants sont des petites entreprises qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs fonds pour payer leurs factures et elles emploient des dizaines de milliers de personnes » aux États-Unis, avait relevé Janet Yellen, dimanche, sur la chaîne CBS. Elle avait néanmoins écarté un sauvetage de SVB via une injection d’argent public.