G20 : les Occidentaux veulent unir les pays émergents contre la Russie

G20 : les Occidentaux veulent unir les pays émergents contre la Russie

Officiellement, la guerre en Ukraine n'est pas à l'ordre du jour du G20. Mais dans les faits, elle monopolise toutes les discussions et négociations. Les dirigeants des pays occidentaux alliés entendent profiter de ce sommet international pour rallier les principales économies émergentes autour d'une condamnation de la guerre menée en Ukraine par Vladimir Poutine. Le plus important rassemblement de dirigeants mondiaux depuis le début de la pandémie s'ouvre dans le cadre tropical de l'île indonésienne de Bali après près de neuf mois d'une guerre meurtrière aux lourdes conséquences économiques pour la planète, et la menace nucléaire qui plane.

L'invasion de l'Ukraine ne figure pas à l'agenda officiel du G20 mais domine la réunion, tant elle inquiète et aussi creuse les divisions entre les Occidentaux soutenant Kiev et d'autres pays, Chine en tête, qui refusent de condamner Moscou.

Alors que son armée bat en retraite dans le sud de l'Ukraine, Vladimir Poutine a décidé de bouder l'événement et s'est fait représenter par son inamovible chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, officiellement pour des raisons d'agenda. Autre absence, celle du Premier ministre cambodgien Hun Sen testé positif au Covid-19 juste avant le sommet.

Vers un communiqué commun ?

Signe des fractures au sein du G20, club des grandes économies mondiales créé à l'origine pour s'accorder sur les questions financières, l'hôte du sommet, l'Indonésie, avait averti qu'il ne fallait pas s'attendre au traditionnel communiqué commun dont chaque virgule fait l'objet d'intenses tractations pour ne fâcher personne. Mais un accord a été obtenu lundi soir sur un texte commun au niveau des négociateurs, a indiqué le président du Conseil européen Charles Michel, appelant « toutes les parties à renforcer la pression sur la Russie ».

Selon une source occidentale, le document va qualifier l'invasion de l'Ukraine de « guerre », un terme pourtant rejeté par Moscou qui parle d'une « opération spéciale » visant à « dénazifier » l'Ukraine. Mais il laissera aussi de la latitude à chaque pays dans sa position. « Je pense que vous allez voir que la plupart des membres du G20 vont dire clairement qu'ils condamnent la guerre de la Russie en Ukraine, et qu'ils voient la Russie comme la cause principale des souffrances économiques et humanitaires immenses dans le monde », a indiqué un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.

Les pays du G20 se montrent particulièrement inquiets de l'expiration possible vendredi de l'accord obtenu en juillet sous l'égide de la Turquie pour exporter des céréales d'Ukraine. Un accord qualifié lundi soir de crucial pour la « sécurité alimentaire mondiale » par le chef de l'ONU Antonio Guterres, qui a averti de risques de famine. La Russie laisse planer le doute sur sa prolongation, alors que les exportations céréalières russes restent, elles, entravées.

«Stabilité » en jeu

Si Vladimir Poutine sera absent, en personne comme en ligne, le président ukrainien s'est déjà exprimé en vidéo devant les dirigeants du G20. Il a plaidé devant le G20 pour une extension « infinie » de l'accord permettant d'exporter des céréales ukrainiennes, qui arrive à échéance vendredi. Il a par ailleurs déclaré : « Je suis convaincu qu'il est temps à présent temps, que la guerre destructrice de la Russie doit et peut être arrêtée. »