LA PAIX

Le thème retenu pour l’édition 2022 de la conférence liée au Forum Paix, Sécurité, et Prospérité est ‘‘Gagner la paix’’. Avant d’aller plus loin dans nos réflexions, nous devrions peut-être nous entendre sur le sens du mot ‘‘paix’’ ou du moins y songer sérieusement puisque nous cherchons à la gagner. La paix, de quoi s’agit-il?(1)

       Une revue sommaire des concepts théoriques plutôt liés à l’étude de la paix nous démontre rapidement que le sens du mot ‘‘paix’’ est multiple. Comme l’affirme Delphine Deschaux-Dutard, ‘‘ la paix est une notion complexe car polysémique et utilisée dans des contextes très divers : faire la paix, avoir la paix, garder la paix, maintenir la paix, construire la paix…’’(2)     

     Il est intéressant de remarquer que des penseurs s’intéressent également à des études portant sur la paix, et non seulement aux études sur la guerre. Deux concepts issus de ce domaine de recherches particulier seront analysés dans le cadre de notre conférence, la paix négative, définie comme la paix par l’équilibre des puissances et un état d’absence de violence organisée entre groupes humains ou États, ayant pour but de prévenir l’escalade de la violence afin d’obtenir la sécurité, et la paix positive qui prévoit plutôt d’instituer des habitudes de coopération entre États, groupes et nations qui puissent favoriser une paix généralisée et durable. La paix dans ce cadre ne repose pas sur la contrainte ou sur la peur mais sur la conscience du gain collectif.(4)

    Les images horribles qui nous sont parvenues de l’aéroport de Kaboul à la mi-août dernier nous prouvent bien que la paix est beaucoup plus que l’absence de guerre. Quand les canons se taisent, il reste une foule de tâches essentielles à accomplir en plus du désarmement pour atteindre un seuil minimal de paix sociale qui s’inscrira véritablement dans la durée. Il nous semble qu’une véritable paix au terme d’un conflit implique nécessairement la reconstruction, la reprise économique, la mise en place d’une saine  gouvernance et d’un système de justice équitable. Et surtout un engagement sincère et durable des principales parties prenantes. Le Plan Marshall nous vient ici à l’esprit. A cet égard, un cadre conceptuel développé par l’Institute for Economics and Peace et permettant de décrire et comprendre des facteurs qui potentiellement conduisent à l’établissement de sociétés pacifiques (les ‘‘piliers’’ de la paix, au nombre de huit) sera discuté dans le cadre d’une de nos tribunes.(5)

       En fait, le titre même de notre initiative, Paix, Sécurité et Prospérité est matière à réflexion… Qu’est-ce qui vient en premier? La paix, la sécurité, ou la prospérité? Cet ensemble est-il ou pourrait-il être hiérarchisé? Nos discussions impliquant des universitaires, des experts opérationnels et des étudiants de divers niveaux viseront à nous éclairer sur ce sujet qui est encore tant d’actualité.  

Le thème retenu pour l’édition 2022 de la conférence liée au Forum Paix, Sécurité, et Prospérité est ‘‘Gagner la paix’’. Avant d’aller plus loin dans nos réflexions, nous devrions peut-être nous entendre sur le sens du mot ‘‘paix’’ ou du moins y songer sérieusement puisque nous cherchons à la gagner. La paix, de quoi s’agit-il?1

       Une revue sommaire des concepts théoriques plutôt liés à l’étude de la paix nous démontre rapidement que le sens du mot ‘‘paix’’ est multiple. Comme l’affirme Delphine Deschaux-Dutard, ‘‘ la paix est une notion complexe car polysémique et utilisée dans des contextes très divers : faire la paix, avoir la paix, garder la paix, maintenir la paix, construire la paix…’’2   

     Pris à sa plus simple expression, nous pouvons affirmer que la paix est l’absence de guerre, comme si n’existaient que deux états de fait, la paix, ou la guerre. La réalité nous semble plus complexe, car comment expliquer par exemple la notion de guerre asymétrique ou hybride si étudiée aujourd’hui dans les milieux stratégiques et universitaires, qui implique que de nombreux conflits existent bel et bien sous le seuil d’une guerre ouverte? Pas évident de répondre de nos jours à la simple     question ‘‘Sommes-nous en guerre actuellement?’’ Conséquemment, il n’est pas plus manifeste de déterminer si nous sommes aujourd’hui réellement en paix. Certains auteurs parlent de paix démocratique, de paix économique, de paix institutionnelle, de paix négative et de paix positive…3 Pas évident de s’entendre sur le sens de ce mot alors qu’abondent tant d’interprétations différentes proposées par de fort sérieuses communautés de recherche.

     Il est intéressant de remarquer que des penseurs s’intéressent également à des études portant sur la paix, et non seulement aux études sur la guerre. Deux concepts issus de ce domaine de recherches particulier seront analysés dans le cadre de notre conférence, la paix négative, définie comme la paix par l’équilibre des puissances et un état d’absence de violence organisée entre groupes humains ou États, ayant pour but de prévenir l’escalade de la violence afin d’obtenir la sécurité, et la paix positive qui prévoit plutôt d’instituer des habitudes de coopération entre États, groupes et nations qui puissent favoriser une paix généralisée et durable. La paix dans ce cadre ne repose pas sur la contrainte ou sur la peur mais sur la conscience du gain collectif.4

    Les images horribles qui nous sont parvenues de l’aéroport de Kaboul à la mi-août dernier nous prouvent bien que la paix est beaucoup plus que l’absence de guerre. Quand les canons se taisent, il reste une foule de tâches essentielles à accomplir en plus du désarmement pour atteindre un seuil minimal de paix sociale qui s’inscrira véritablement dans la durée. Il nous semble qu’une véritable paix au terme d’un conflit implique nécessairement la reconstruction, la reprise économique, la mise en place d’une saine gouvernance et d’un système de justice équitable. Et surtout un engagement sincère et durable des principales parties prenantes. Le Plan Marshall nous vient ici à l’esprit. A cet égard, un cadre conceptuel développé par l’Institute for Economics and Peace et permettant de décrire et comprendre des facteurs qui potentiellement conduisent à l’établissement de sociétés pacifiques (les ‘‘piliers’’ de la paix, au nombre de huit) sera discuté dans le cadre d’une de nos tribunes.5

       En fait, le titre même de notre initiative, Paix, Sécurité et Prospérité est matière à réflexion… Qu’est-ce qui vient en premier? La paix, la sécurité, ou la prospérité? Cet ensemble est-il ou pourrait-il être hiérarchisé? Nos discussions impliquant des universitaires, des experts opérationnels et des étudiants de divers niveaux viseront à nous éclairer sur ce sujet qui est encore tant d’actualité.                               

(*) Brigadier-général Richard Giguère (ret)

École supérieure d’études internationales, Université Laval, Québec et Directeur académique du Forum international sur la Paix, la Sécurité & la Prospérité

(1) Utilisation d’une formule souvent associée au maréchal Foch.

(2) Deschaux-Dutard, Delphine. (2018). Introduction à la sécurité internationale. Presses universitaires de Grenoble.

(3) Voir à ce sujet David, Charles-Philippe, Schmitt, Olivier. (2020). La guerre et la paix. Approches et enjeux de la sécurité et de la stratégie. Presses de la Fondation nationale des sciences politiques.

(4) Ibid. Voir le glossaire de cet ouvrage.

(5)Voir par example : Institute for Economics & Peace. (2020). Positive Peace Report 2020: analysing the factors that sustain peace. Sydney. Disponible au: PPR-2020web.pdf (economicsandpeace.org). (Novembre 2021).