Egypte: La réforme constitutionnelle adoptée au Parlement

Egypte: La réforme constitutionnelle adoptée au Parlement

Le Parlement égyptien a approuvé mardi la réforme constitutionnelle qui pourrait permettre au président Abdel Fattah al Sissi de se maintenir au pouvoir jusqu'à 2030.

Le projet a été adopté par 531 voix contre 22. Le parlement compte 596 sièges. La réforme, qui avait déjà reçu en février l'accord de principe des députés, propose de faire passer la durée du mandat présidentiel de quatre à six ans et de ne pas tenir compte de ceux que le chef de l'Etat a déjà accomplis.

Un amendement confère par ailleurs au président de nouveaux pouvoirs en matière de nomination des juges et des procureurs, d'autres stipulent que l'armée a le devoir de protéger "la Constitution, la démocratie, la cohésion fondamentale du pays et sa nature civile" et élargissent les compétences des tribunaux militaires.

La réforme doit maintenant être approuvée dans le cadre d'un référendum, dont la date reste à fixer.

Quatre ONG égyptiennes et françaises l'avaient condamnée quelques heures avant son adoption au Parlement.

"Il ne s'agit plus d'une nouvelle étape dans la consolidation d'un régime autoritaire mais d'un glissement vers une forme de totalitarisme", a déploré Claire Talon, ex-directrice du Bureau Moyen-Orient de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)

lors d'une conférence de presse à Paris.

"La situation des droits de l'Homme est aujourd'hui catastrophique en Egypte. Le pouvoir de l'État s'ingère aujourd'hui partout, ce qui laissera des conséquences, quand bien même nous aurions de nouveau un régime démocratique", a estimé Moataz El Fegiery, cofondateur du Forum égyptien des droits de l'homme (FEDH), aux côtés d'Euromed Rights, de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH).

Amr Waked, acteur égyptien vivant à l'étranger, condamné par contumace, notamment pour propagation de fausses informations, a exhorté pour sa part les pays européens à cesser de soutenir Le Caire.

"Je pose la question à la communauté internationale, à la France et aux pays européens : pourquoi donnez-vous une légitimité à ce régime ? Pourquoi lui vendez-vous des armes ? N'êtes-vous que des vendeurs d'armes ? Où sont vos valeurs ?"

A l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al Sissi, trois ans après la révolution de 2011, de nombreux militants démocrate, d'opposants libéraux, de journalistes et des dizaines de dizaines de milliers d'islamistes ont été arrêtés.