Quarante-neuf morts dans l'attaque de deux mosquées de Christchurch

Quarante-neuf morts dans l'attaque de deux mosquées de Christchurch

Un homme armé a abattu 49 personnes et en a blessé plus de quarante autres vendredi à l'heure des prières dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, rapportent les autorités.

La Première ministre Jacinda Ardern a dénoncé un acte terroriste et parlé "d'un des jours les plus sombres de la Nouvelle-Zélande".

Le tueur, muni d'une caméra, a diffusé une partie du carnage en direct sur les réseaux sociaux après avoir publié un "manifeste" de plusieurs dizaines de pages sur un forum de discussion dans lequel il dénonce les immigrants, qualifiés d'"envahisseurs".

La vidéo, qui a largement circulé sur internet, montre le tireur se rendre en voiture devant une des mosquées visées, où il pénètre en ouvrant le feu sur les fidèles.

Jamais la Nouvelle-Zélande n'avait connu une telle tuerie de masse. Le niveau d'alerte a été relevé à son maximum.

La police a annoncé que trois personnes avaient été placées en garde à vue dont un homme d'une vingtaine d'années qui a été inculpé de meurtre et comparaîtra dès samedi devant un tribunal.

La police n'a identifié aucun suspect.

Le Premier ministre australien Scott Morrison a déclaré que l'un d'entre eux était de nationalité australienne.

"Nous n'avons pas été choisis pour cet acte de violence parce que nous tolérons le racisme, ni parce que nous sommes une enclave de l'extrémisme. Nous avons été choisis parce que nous ne sommes rien de tout cela, parce que nous représentons la diversité, la gentillesse, la compassion, un foyer pour ceux qui partagent nos valeurs", a déclaré Janice Ardern.

Quarante et une personnes ont été tuées dans la mosquée Al Noor, sept dans une autre mosquée du quartier de Linwood et un blessé a succombé à l'hôpital, a précisé la police.

Les autorités font état de 48 blessés hospitalisés pour des blessures par balles, dont plusieurs enfants.

Dans un tweet, le président américain Donald Trump a dénoncé un "horrible massacre" et assuré que les Etats-Unis se tenaient aux côtés de la Nouvelle-Zélande.

Dans son manifeste, le tueur fait l'éloge de Donald Trump, qu'il qualifie de "symbole du renouveau de l'identité blanche".

"UNE ATTAQUE CONTRE LES ENVAHISSEURS"

Un rescapé de la mosquée Al Noor a décrit le tireur sous les traits d'un homme blond, portant un casque et un gilet pare-balles.

"Il avait une grosse arme à feu (...) Il est arrivé et a commencé à tirer sur tout le monde dans la mosquée", a expliqué Ahmad Al Mahmoud, qui dit s'être échappé en brisant une porte vitrée.

Des bombes artisanales ont par ailleurs été découvertes lors de la fouille d'une voiture, selon les forces de l'ordre.

Sur la séquence vidéo, on peut voir des bidons d'essence et des armes à l'arrière de sa voiture.

Après l'avoir garée, le tueur saisit deux de ces armes et marche jusqu'à l'entrée de la mosquée puis tire pendant cinq minutes. On peut voir une douzaine de corps gisant dans l'une des pièces de l'édifice. Il retourne ensuite à sa voiture pour changer d'armes puis revient à la mosquée et tire à nouveau sur tous ceux qui montrent encore des signes de vie.

Un internaute anonyme a publié vendredi sur le forum 8chan un message dans lequel il dit vouloir "mener une attaque contre les envahisseurs".

Il y dénonce un "génocide blanc", expression couramment employée dans les milieux suprémacistes, et des liens renvoient vers la diffusion en direct sur Facebook des images de la tuerie, sur la page d’un utilisateur appelé brenton.tarrant.9.

Des photos d'un fusil et de matériel militaire portant des slogans nationalistes ont par ailleurs été envoyées sur le compte Twitter, désormais inaccessible, d'un certain @brentontarrant.

La police a invité toutes les mosquées de Nouvelle-Zélande à fermer leurs portes. L'équipe de cricket du Bangladesh se rendait dans l'un des lieux pour la prière du vendredi lorsque la fusillade a éclaté, mais tous ses membres sont sains et saufs, selon leur entraîneur interrogé par Reuters.

Trois ressortissants du Bangladesh figurent parmi les personnes tuées. Des Malaisiens, des Indonésiens ont été blessés.

Par la voix de son porte-parole, le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné un acte "raciste et fasciste".

"Cet attentat montre quel degré a atteint l'hostilité envers l'islam et les musulmans", déplore-t-il sur Twitter.

"Nous avons vu à plusieurs reprises le discours islamophobe tourner à l'idéologie perverse et meurtrière. Le monde doit se dresser contre ce discours et dire qu'il faut mettre fin au terrorisme islamophobe", ajoute le porte-parole.

La ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a quant à elle "fermement condamné" la fusillade.

Les musulmans représentent un peu plus de 1% de la population néo-zélandaise, selon le recensement effectué en 2013.

Avant ce vendredi, la fusillade la plus sanglante de l'histoire récente de Nouvelle-Zélande était survenue en 1990. Elle avait coûté la vie à 13 hommes, femmes et enfants, dans le village d'Aramoana. L'auteur de la tuerie avait été abattu par la police.