Scrutin à Cuba, un mois avant l'élection du successeur de Castro

Scrutin à Cuba, un mois avant l'élection du successeur de Castro

Les Cubains ont voté dimanche pour approuver les représentants de l'Assemblée nationale, qui sera chargée d'élire le mois prochain le successeur du président Raul Castro et tourner ainsi une page de l'histoire politique du pays.

Le scrutin, organisé tous les cinq ans et présenté par les autorités comme une démonstration d'unité nationale face à l'hostilité des Etats-Unis, a une valeur symbolique, alors que le Parti communiste est la seule formation politique reconnue dans l'île.

Le gouvernement demande aux Cubains d'entériner deux listes officielles de candidats: l'une avec les 605 membres de l'Assemblée nationale, l'autre avec les 1.265 représentants des assemblées provinciales.

Plus de huit millions de personnes sont appelées aux urnes et le taux de participation s'établit généralement autour de 85%.

L'Assemblée nationale doit élire le 19 avril prochain le successeur de Raul Castro, âgé de 86 ans et qui a fait savoir qu'il quitterait la présidence après deux quinquennats, mais conserverait un siège de député au parlement.

Le chef de l'Etat, qui a remplacé son frère Fidel en 2008 à la présidence, a voté discrètement au petit matin dans la région de la Sierra Maestra, dans le sud-est de l'île, où il dirigea un groupe de guérilleros pendant la Révolution de 1959.

Son successeur devrait être le premier vice-président Miguel Diaz-Canel. Agé de 57 ans, il sera le premier dirigeant du pays extérieur à la famille Castro depuis la Révolution de 1959.

Raul Castro devrait toutefois rester aux commandes du Parti communiste.

DIAZ-CANEL CIBLE DONALD TRUMP

Miguel Diaz-Canel a déposé son bulletin de vote dans la province de Villa Clara (centre) en compagnie de son épouse.

Il a déclaré aux journalistes que ce scrutin était la preuve que les Cubains sont résolus à défendre leur indépendance et il a critiqué l'administration de Donald Trump, coupable selon lui de saper la fragile détente entre Cuba et les Etats-Unis amorcée par son prédécesseur Barack Obama.

"Les relations avec les Etats-Unis se sont détériorées (...) à cause d'une administration qui offense Cuba, renforce le blocus contre Cuba, revient à la rhétorique de la Guerre froide et adopte des mesures qui blessent et nuisent à des millions de Cubains et de Nord-Américains", a dit le premier vice-président.

En novembre dernier, Cuba avait déjà franchi une étape vers la fin de l'ère Castro avec les élections municipales, seul pan du processus électoral qui se déroule au suffrage universel direct dans l'île.

Même si les candidats à l'Assemblée nationale ne sont pas tenus théoriquement d'appartenir au Parti communiste, la plupart en sont membres.

Parmi eux figurent, outre Raul Castro, deux hommes ayant combattu avec lui pendant la Révolution ayant mis fin à la dictature de Fulgencio Batista, les vice-présidents Jose Ramon Machado Ventura, 87 ans, et Ramiro Valdes, 85 ans.

De nombreux commentateurs s'attendent toutefois à ce que les derniers représentants de la génération révolutionnaire se retirent du gouvernement.

"On ne sait pas exactement ce qui va se passer", déclare Arnaldo Betancourt, 52 ans, qui vend des produits artisanaux à La Havane. "Mais les gens veulent du neuf, une amélioration."

Fidel Castro est mort en 2016.