Nucléaire iranien: Les Européens font pression sur Trump

Nucléaire iranien: Les Européens font pression sur Trump

La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et l'Union européenne ont lancé jeudi un appel commun aux Etats-Unis pour préserver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, ajoutant que Téhéran avait le droit de tirer profit de la levée des sanctions qui y est associée.

Le principal objectif de l'accord de 2015 - la "surveillance étroite" des activités nucléaires iraniennes - est tenu et l'unité de la communauté internationale est essentielle pour le préserver, a déclaré la représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

La Haute Représentante de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune s'exprimait à l'issue d'une réunion à Bruxelles avec les ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Iran.

Les trois pays européens sont signataires, avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine, de l'accord trouvé en juillet 2015 avec la République islamique visant à encadrer ses activités nucléaires en échange de la levée des sanctions internationales la frappant.

Alors que Donald Trump a jusqu'à vendredi pour décider s'il impose de nouveau ou non des sanctions à l'Iran, Jean-Yves Le Drian a souligné qu'il n'existait pas d'alternative à cet accord.

"Cet accord est essentiel et il n'existe aucune alternative", a dit le chef de la diplomatie française à la presse.

Mais il a ajouté que l'Europe ne cherchait pas à passer sous silence les "autres points de désaccord" avec l'Iran, dont son programme de missile balistique.

Même tonalité dans les propos du ministre allemand Sigmar Gabriel, qui a fait valoir que l'accord signé entre l'Iran et les puissances du P5+1 était une "nécessité absolue" au moment où la Corée du Nord tente d'entrer dans le club des puissances nucléaires tout en notant que l'Union européenne ouvrait une "nouvelle ligne de communication" avec l'Iran pour discuter des questions non-nucléaires.

Le Britannique Boris Johnson a souligné pour sa part que nul n'avait jusqu'à présent proposé une meilleure alternative à l'accord de 2015.

"SOLIDE CONSENSUS"

L'objectif de la réunion de Bruxelles, confiait mercredi un diplomate, est d'"envoyer à Washington le message que l'Iran se conforme (aux obligations de l'accord) et qu'il vaut mieux avoir cet accord nucléaire que d'isoler Téhéran".

Se démarquant de la politique de Barack Obama, son prédécesseur à la Maison blanche, Donald Trump a porté mi-octobre un coup sévère au Plan global d'action conjoint (JCPOA en anglais, nom officiel de l'accord signé le 14 juillet 2015 à Vienne) en annonçant son refus de certifier que Téhéran le respectait.

"La date choisie pour cette réunion à Bruxelles n'est évidemment pas une coïncidence", a souligné un autre diplomate.

Conformément aux règles américaines qui prévoient que le Congrès sollicite périodiquement le président pour lui demander de certifier le respect par l'Iran de ses engagements, une nouvelle échéance est en effet fixée ce vendredi.

Selon des sources proches de la présidence américaine, les hauts conseillers de Donald Trump le pressent de ne pas réimposer de sanctions à l'Iran mais en privé, ajoute-t-on de même source, le président se montre réticent à suivre leurs conseils.

Sur son compte Twitter, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a estimé que la réunion de Bruxelles avait démontré un "solide consensus" autour du respect par la république islamique de ses engagements, de son droit à tirer les bénéfices économiques de cet accord et d'un rejet de toute initiative portant atteinte au JCPOA.

"Les pays de l'E3 (Allemagne, France et Grande-Bretagne) et l'UE sont pleinement conscients que la poursuite du respect de ses engagements par l'Iran est soumise à un plein respect de la part des Etats-Unis", ajoute-t-il.