Rencontre entre Abe et Poutine à Sotchi sur fond de dispute territoriale

Rencontre entre Abe et Poutine à Sotchi sur fond de dispute territoriale

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe doit rencontrer vendredi le président russe Vladimir Poutine à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, alors que les deux pays restent enferrés depuis des décennies dans une dispute territoriale.

Il s'agit de la première visite en Russie du Premier ministre japonais depuis sa venue à l'ouverture à Sotchi des Jeux olympiques d'Hiver, en février 2014.

Les relations entre la Russie et le Japon sont empoisonnées par une querelle concernant quatre îles de l'archipel des Kouriles occupées à la fin de la Seconde guerre mondiale par l'Union soviétique et que revendique le Japon, ce qui a empêché les deux pays de signer un traité de paix à l'issue de la guerre et jusqu'à ce jour.

Les négociations concernant ces quatre îles volcaniques appelées Territoires du Nord par le Japon sont au point mort depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars 2014, condamnée par Tokyo à la suite des Occidentaux.

"Nous pouvons partir du principe que ce sujet (les quatre îles des Kouriles, ndlr) sera abordé", a déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant qu'un dîner suivra la rencontre "informelle" des deux responsables.

Elle devrait commencer à 15h00 heure locale (12h00 GMT), en présence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a précisé aux journalistes un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.

- Au menu: les îles Kouriles... -

Lors de l'annonce de la venue de M. Abe, le président russe avait dit espérer que cette visite permette "un approfondissement des relations russo-japonaises".

"Je pense qu'un compromis peut être trouvé, et qu'il le sera" concernant les quatre îles des Kouriles disputées, avait précisé M. Poutine lors d'une séance télévisée de questions-réponses en avril.

Le ministre japonais des Affaires étrangères Fumio Kishida s'était rendu à Moscou en septembre dernier afin de plaider pour une "solution mutuellement acceptable".

Mais M. Lavrov avait alors exclu tout compromis avec Tokyo sur cette question, appelant le Japon à reconnaître "les réalités historiques".

"C'est la signature d'un traité de paix qui est à notre programme", avait-il alors déclaré.

La Russie a provoqué l'irritation du Japon en construisant récemment des installations militaires sur deux des îles contestées. La visite du premier ministre russe Dmitri Medvedev l'année dernière sur l'une des îles avait également fortement mécontenté Tokyo.

- ... et le G7 -

Pour la presse russe, la venue à Sotchi du Premier ministre japonais est une bonne nouvelle: le Japon accueille en mai le sommet du G7, dont la Russie a été exclue à la suite de son annexion de la Crimée.

"Peut-être que le Japon tentera d'agir comme intermédiaire dans les négociations entre la Russie et les Etats-Unis", dont les relations sont au plus bas depuis le début de la crise ukrainienne, a espéré le journal officiel Rossiiskaïa Gazeta.

La rencontre Poutine-Abe doit également porter sur les questions économiques, alors que les échanges entre la Russie et le Japon ont chuté de 31% l'année dernière à cause des sanctions mais aussi de la baisse des cours de pétrole, selon le Kremlin.

"Les hommes d'affaires japonais et les banques ne sont pas pressés d'investir dans l'économie russe. Ils préfèrent attendre des jours meilleurs", reconnaissait jeudi Rossiiskaïa Gazeta.