La présidence de l'UE par la Hongrie créé des remous dans l'UE

La présidence de l'UE par la Hongrie créé des remous dans l'UE

Coup de froid sur le Vieux Continent. La perspective de voir la Hongrie de Viktor Orban assurer la présidence tournante du Conseil de l'UE au second semestre 2024 suscite le malaise à Bruxelles, en raison des dérives antidémocratiques de Budapest et de ses liens avec le Kremlin.

Le Conseil de l'UE, au sein duquel les ministres des États membres débattent de la législation européenne, est présidé à tour de rôle pour six mois par chacun des 27 pays du bloc, qui donnent alors l'impulsion et définissent les priorités. Le traité sur l'UE, qui établit le principe de « rotation égale » entre États membres pour cette présidence, ne prévoit pas d'exception à la règle.

Il n'est arrivé qu'une fois qu'un pays y déroge. Le Royaume-Uni, avait renoncé à l'exercer au deuxième semestre 2017, en raison de la décision des Britanniques de quitter l'Union lors du référendum de 2016.

Un pays isolé au sein de l'UE

Faisant écho aux préoccupations de parlementaires européens concernant Budapest, la secrétaire d'État allemande aux Affaires européennes Anna Lührmann n'a pas mâché ses mots en arrivant mardi à une réunion avec ses homologues à Bruxelles. La Hongrie, dirigée par le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, « est actuellement isolée au sein de l'Union européenne en raison de problèmes liés à l'État de droit qui sont vraiment graves », a déclaré la responsable allemande.

Par ailleurs, a-t-elle souligné, la Hongrie « laisse toujours planer le doute sur son soutien à l'Ukraine dans la guerre d'agression brutale menée par la Russie ». « C'est pourquoi j'ai des doutes sur la capacité de la Hongrie à mener à bien sa présidence du Conseil », a-t-elle poursuivi.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Wopke Hoekstra a aussi fait part de son « inconfort » à la perspective de la présidence hongroise de l'UE. « C'est ce que nous ressentons tous », a-t-il assuré. La ministre hongroise de la Justice Judit Varga a quant à elle défendu la capacité de son pays à assurer cette présidence tournante en organisant les débats « de bonne foi ».

Le Parlement européen fait pression

La Hongrie a déjà exercé cette présidence tournante au premier semestre 2011. Judit Varga a fustigé la « pression politique » du Parlement européen qui prévoit de voter jeudi une résolution sur le sujet, jugeant cette discussion « insensée ».

Le projet de résolution demande comment le gouvernement de Viktor Orban « pourra remplir sa tâche de manière crédible au vu de son non-respect du droit et des valeurs de l'UE », et réclame au Conseil de « trouver une solution dès que possible ».

Le texte a été présenté par plusieurs des principaux groupes politiques de l'hémicycle --PPE (droite), S&D (Socialistes et démocrates), Renew Europe (centristes et libéraux), Verts, GUE/NGL (gauche radicale). La Hongrie est en conflit avec Bruxelles pour des manquements en matière de lutte contre la corruption, d'indépendance des médias et de la justice. Et l'UE a suspendu en réponse des milliards d'euros de fonds européens qui devaient être versés à ce pays.

Une période éminemment politique

En outre, depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, Viktor Orban refuse d'aider Kiev militairement, blâme la politique de sanctions contre Moscou et maintien des liens avec le Kremlin.

« La possibilité de reporter la présidence hongroise du Conseil de l'UE pourrait s'avérer une approche des plus efficaces pour obliger la Hongrie à respecter ses obligations en matière d'État de droit », plaide Alberto Alemanno, professeur de droit européen l'Ecole des hautes études commerciales (HEC).

Il souligne que la présidence hongroise se déroulera à un moment éminemment politique : juste après les élections européennes de juin 2024, au moment de la désignation des chefs des principales institutions de l'UE.