Inflation: le Royaume-Uni à deux doigts de l'explosion sociale

Inflation: le Royaume-Uni à deux doigts de l'explosion sociale

Le Royaume-Uni est actuellement confronté au taux d'inflation le plus important qu'il ait connu depuis 1981. Celui-ci a en effet atteint 9% en mai, alors qu'il n'était que de 2,1% en 2021, un chiffre qui devrait encore augmenter d'ici à la fin de l'année. En parallèle, la croissance du pays stagne. Les prix de l'essence, du logement mais aussi de la nourriture atteignent des sommets, provoquant depuis plusieurs mois une importante crise du coût de la vie.

D'après Fiona Simpkins, maîtresse de conférence en civilisation britannique à l'université Lumière-Lyon-2, il s'agit de la crise sociale et économique la plus importante que le pays ait connu depuis les années 1950: «Les plus modestes sont touchés, mais pas seulement. Le fait que 40% des foyers soient touchés par la précarité énergétique démontre bien l'aspect inédit de la situation.»

Une économie sur le fil

D'après la spécialiste, cette situation est notamment imputable aux retombées économiques de la guerre en Ukraine, qui touchent une économie déjà fragilisée par deux années de crise sanitaire: «L'économie au Royaume-Uni a été plus durement touchée qu'en France par le Covid-19, car les épisodes de confinement ont été plus nombreux et plus longs. Malgré l'argent public débloqué par le gouvernement, notamment pour financer des dispositifs de chômage partiel, les difficultés d'approvisionnement et de recrutement, en particulier au sein des petites entreprises, ont fortement érodé la croissance britannique.»

Cette situation intervient alors même que les conséquences du Brexit commencent à se faire sentir de manière plus tangible sur l'économie. D'après le Centre for European Reform, le produit national brut (PIB) a chuté de 5,2% depuis la sortie effective du Royaume-Uni de l'Union européenne en janvier 2020 et, ces derniers mois, le prix des denrées alimentaires a bondi de 8,3%, d'après l'organisme Resolution Foundation. Un cataclysme pour les foyers les plus modestes, «déjà fragilisés par les politiques d'austérité menées depuis 2010 par les gouvernements conservateurs», précise Fiona Simpkins.