RÉGINE ALENDE TSHOMBOKONGO

RÉGINE ALENDE TSHOMBOKONGO

La congolaise qui a imposé sa vision communautaire au Québec, Canada.

C’est dans ce but là que nous portons notre regard sur le profild’une personnalité dont l’analyse permettrait d’identifier toutes les facettes du processus d’émergence, au sein des élites nord-américaines, des personnes qui fuient l’horreur et l’arbitraire de certains pays du Sud. En effet, Madame Régine Alende Tshombokongo réunit en elle seule, une entrepreneure sociale inspirée du modèle schumpétérien, une actrice ayant contribué au développement de la stratégie d’accélération de l’intégration des immigrants et enfin un géniede la mobilisation de jeunes femmes immigrantes autour des initiatives novatrices.Originaire de la République Démocratique du Congo (RDC), Régine est détentrice d’une maîtrise en linguistique cognitive obtenue à l’Université Laval, d’une maîtrise en Littérature africaine et d’un baccalauréat en Langues et littératures africaines obtenus à l’Université nationaledu Zaïre. Elle œuvra dans un premier temps comme professeur-assistant de français et de logique à l’Institut supérieur pédagogique et technique (ISPT) à Likasi enRDC avant d’immigrer, d’abord, en Afrique du Sud en 1990, ensuite, au Canada en 1997, avec son mari et deux de ses enfants. Partout par où elle est passée, Régine a toujours milité pour

Régine Alende Tshombokongo lors de la cérémonie de remise du prix du gouverneur général du Canada, le 18 octobre 2012, au Rideau Hull, à Ottawa.
Mme Régine Alende Tshombokongo, Directricegénérale et fondatrice du Centre d’Encadrement desJeunes Femmes Immigrantes (CEJFI), photo ptise lors de la cérémonie de remise du prix du gouverneur général du Canada, le18 octobre 2012, au Rideau Hull, à Ottawa.

la justice sociale. Ainsi, dès la fin de l’apartheid, en Afrique du Sud, a-t-elle été la première immigrante à s’occuper de l’encadrement dejeunes femmes prostituées de Johannesburg aux fins de réorientation, malgré sonpauvre anglais. Son courage l’avait même  poussée à mener une campagne de sensibilisation auprès des gangs des rues de cette ville connue pour son degré élevé deviolence et à se faire accepter comme leader chrétienne par des femmes blanches de Johannesburg. Arrivée dans la Villede Québec en mars 1997, elle créa le Centre d’encadrement de jeunes femmes immigrantes (CEJFI) en 1998, mais elle devaitde sitôt s’installer à Montréal en juillet2000, au terme de ses recherches demaîtrise en linguistique à l’Université Laval.

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Autour du gouverneur général du Canada, Le très honorable David Johnston, Régine Alende Tshombokongoet d’autres récipiendaires, notamment, Caroline Andrew, Corinne Gallant, pour la catégorie «Affaire personne» ; Saara Bhanji et Joanne Cave la catégorie jeunesse.


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Le très honorable David Johnston, gouverneur général du Canada pose avec Régine Alende une des récipiendaires du prix.

Le CEJFI est, certes, devenu une puissante machine spécialisée dans l’accompagnement de jeunes femmes issues de l’immigration, néanmoins, le chemin parcouru par cette entreprise sociale est très long. Il a dû traverser despasses très difficiles, notamment les difficultés d’accès au financement de ses projets pour un acteur encore inconnu aussi bien du milieu que des bailleurs de fonds. Mais, l’engagement énergique de Régine, sa capacité à lever des partenariats interinstitutionnels et sa promptitude hors pair à entreprendre des innovations organisationnelles, conjugués à la pertinence sociale de la mission assignée à CEJFI pour conférer rapidement une grande visibilité à cette entreprise. Celle-ci rejoignit toutaussi rapidement le cercle restreint desressources organisationnelles incontournables du milieu laurentien d’abord, ensuite de l’ensemble de la région métropolitaine de Montréal. La deuxième moitié de la décennie 2000 a été une période de croissance significative et de diversification de l’offre deservices de cette entreprise. Une stratégie agressive de recherche des financementslui permit d’accéder à davantage des ressources aussi bien financières qu’humaines.

La qualité de son service à la clientèle qui prend en compte le traumatisme dû au parcours migratoire et les besoins de réactivation du potentiel d’employabilité des bénéficiaires attira moult jeunes immigrantes. Le CEJFI en accueillait annuellement, autour de six mille jeunes femmes nouvellement arrivées au Québec. Cibles de la stratégie dite « outreach »consistant en la sensibilisation des membres des fractions fragiles de la populationdans leurs milieux de vie, ceux-ci ont expérimenté des transformations positivesde leur statut socioéconomique. Rien deplus admirable, par exemple, que de suivre les témoignages des personnes, autre fois aphones et femmes au foyer, déjà àl’emploi, articulant un français fonctionnel, jouissant ainsi d’une autonomie relative. Sinon, le récit d’une professionnelle formée en français dans son pays de départ, mais demeurée longtemps au chômage, sinon à un emploi déqualifiant à Montréal, qui enfin a accédé à un emploifiable dans son domaine de formation, à lasuite d’une formation sur mesure ou d’un accompagnement spécifique individualisé.

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Régine Alende prononce son allocution en tant que marraine de l’événement hommage de l’Organisation des professionnels congolais du Canada (OPCC).

Le CEJFI était aussi passé par des moments de turbulence, telles étaient les casdes années consécutives à la crise financière internationale de 2008 ou des conséquences des compressions budgétaires de 2017. Heureusement, cette dame quin’est pas de nature à reculer devant un obstacle brava chaque fois ces épreuves, travaillant sans désemparer pour redresser labarre. On notera toutefois que chaque crisegrave a eu pour effet de déclencher chez Régine un engagement plus dynamique et une articulation plus novatrice de l’offrede service. Ainsi, à la suite de la crise financière de 2008, le CEJFI avait-elle établiune jonction avec l’écosystème entrepreneurial montréalais en concluant une entente avec la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), ce qui avaitélargi l’éventail de son offre de service quipassait de l’employabilité à la formation générale en entrepreneuriat, tandis que les conséquences des compressions budgétaires de 2017, lui donnèrent l’occasion decoupler la formation générale en entrepreneuriat à l’accompagnement individualiséet à des formations spécifiques, à la suited’une entente triptyque (CEJFI-Chafriqueet Microcrédit) financée par Développement économique Canada (DEC). Les crises économiques successives ontservi à Régine Alende de prétexte pourl’introduction de l’accompagnement desgens des entrepreneures novices à l’étapepost-formation.

Mais, en raison du profil particulier des jeunes femmes issues del’immigration, elle n’a pas manqué de conférer un caractère spécifique à cet accompagnement. En effet, l’accompagnement étant un processus au cours duquel l’entrepreneur-novice joue un rôle central, laqualité de l’accompagnement dépend dedu parcours et du niveau d’engagementde ce dernier. C’est pourquoi l’entreprise CEJFI a orienté sa stratégie d’accompagnement suivant le concept d’entrepreneur «par nécessité » dit aussi « entrepreneur contraint », c’est-à-dire l’entrepreneuriat des gens d’affaires  motivés à créer une entreprise à la suite des antécédents relatifs à la discrimination, notamment sur lemarché du travail où les immigrants ne sont pas toujours traités selon les préceptes d’équité et d’objectivité à la suited’un accompagnement standardisé. Pour Régine, en effet, parmi les facteurs qui fondent la particularité d’unprocessus entrepreneurial, l’âge, le genre, l’appartenance ethnoculturelle et le statutmigratoire jouent un rôle actif, par ce quechez ces entrepreneurs la motivation provient d’un désir intense de créer d’urgence leurs propres emplois, ce qui est souvent antinomique au concept d’entrepreneuriat axé sur l’identification des opportunités d’affaires.

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Régine Alende après avoir reçu la médaille de mérite, des mains de Katheryn Veil, la ministre québécoise de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion le 17 février 2013.

Dès lors, sous l’impulsion de Mme Régine Alende, le CEJFI met en pratique l’hypothèse de Paul Couter pour qui le succès entrepreneurial dépend beaucoup du parcours entrepreneurial du porteur du projet, ainsi importe-t-il d’insister sur la nécessité de focaliser davantage l’attention sur lapersonne que sur le projet, ce qui permet d’intégrer la diversité. En effet, on observe des paramètres selon lesquels apparait la diversité, notamment : l’âge, le genre, legroupe minoritaire et l’origine ethnique. Au sein du dispositif du CEJFI pour l’accélération de l’intégration économique de jeunes femmes immigrantes, l’arsenal d’axes d’intervention affiche quasi complet pour un accompagnement efficace : lapré-employabilité, l’employabilité, la formation générale en entrepreneuriat pourle lancement d’entreprise ainsi l’accompagnement individualisé, et enfin, les formations spécifiques pour la croissance, lemaintien ou l’expansion d’entreprise. Si lestyle de leadership de Régine Alende s’appuie sur son immense savoir-faire et sadétermination à assurer la valorisation deséquipes par la formation continue, l’application des formules alternatives d’horairede travail, les diverses formes de reconnaissance et des encouragements surl’esprit d’équipe, ce qui génère un bon environnement de travail.

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Régine Alende pose avec l’honorable Stephan Dion, ancien ministre des Affaires étrangères du Canadaet député de Saint-Laurent-Huntsic-Cartier ville, après avoir reçu de ce dernier, une médaille demérite, à l’occasion de la célébration de la fête du jubilé de la reine Élizabeth II d’Angleterre.

Au fur et enmesure de la consolidation et de la diversification des axes d’intervention, la cohésion et la cohérence des activités induisentun effet boule de neige sur sa visibilité, salégitimité et même sa reconnaissance nationale et internationale. Ainsi, le CEJFI avait-il fait partie, en février 2009, avec la Gouverneure générale du Canada d’alors, Mme Michaëlle Jean, la ministre de l’Immigration et des communautés culturellesdu Québec de l’époque, Mme Yolande James, ainsi que Mme Rosemary Brown, etc. des « femmes battantes » dont lacélèbre artiste Myrtelle Chéry et ses collègues avaient choisi de faire connaître sursa toile, les œuvres et les causes qui inspirent leurs actions. Le 31 mars 2009 à l’hôtel Nelligan du Vieux Montréal, au moment où la ministrede la Culture, des Communications et dela Condition féminine, de l’époque, Madame Christine St-Pierre annonçait la conclusion de plusieurs ententes, d’une valeur totale de 2,7 M$, dans le cadre de la politique gouvernementale de promotionde l’égalité entre les femmes et les hommesauprès des personnes immigrantes et descommunautés culturelles. Elle annonçason choix portée sur madame Régine Alende Tshombokongo, directrice générale du CEJFI, comme porte-parole des organismes communautaires.

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À la suite de son engagement communautaire, Régine Alende Tshombokongo a été honorée par le groupe Média Mosaïque qui lui a offert le trophée «Grand prix Le Lys du Québec»

Le 5 mai 2012, l’Organisation des professionnels congolais du Canada ¨(OPCC) soulignait l’implication de Régine dans la défense de la cause des femmes congolaises victimes de viol à l’Est du pays et contre la militarisation des enfants, en luidécernant un certificat de mérite. Au coursd'une cérémonie annuelle organisée à Rideau Hall le 18 octobre 2012, le gouverneur général du Canada, Le très honorable David Johnston, présenta les récipiendaires des prix de l'affaire "personne"reconnus à cause  leur exceptionnel espritd'initiative et leur apport précieux à lasociété canadienne. Comme le déclara laministre Ambrose, elles «sont sourcede changements constructifs et durablespour les femmes, leur famille et leur collectivité.1» Régine accéda à ce prix de l’affaire « personne» avec d’autres acteurs canadiens mémorables comme Caroline Andrew, Corinne Gallant, et pour la catégorie jeunesse, avec Saara Bhanji et JoanneCave. Un peu plus tard, le 17 février 2013, madame Régine Alende fit partie des personnalités méritantes qui avaient reçu lamédaille du jubilé de diamant dans lecadre des célébrations du 60e anniversairede l’accession au trône le 6 février 1952 de Sa Majesté la reine Elizabeth II, reine d’Angleterre et souveraine du Canada desmains de l’Honorable Stéphane Dion, député libéral de Saint-Laurent - Huntsic -Cartierville. Par ailleurs, madame Alende a été honorée par l’Agence de presse Média mosaïque qui lui a décernée le trophée «Le Lys Grand Prix Hommage» lors du 3e Gala Grands Prix Mosaïque «Les Lys de laDiversité du Québec», qui s’était tenu le 28 mai 2015, un prix qu’elle avait effectivement remporté.

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Un collectif des associations féministes de la capitale fédérale du Canada a offert une réception aux cinq femmes médaillées par le gouverneur général, Régine Alende et son mai, Dr. Lambert Opula comptaient parmi ces invités d’honneur.

À l’occasion du mois de l’histoire des Noirs 2017, elle a reçu la médaille de l’Assemblée nationale, le 10 mars, des mains de La ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Mme Kathleen Weil, en tant que membre de cette importante communauté québécoise ayant apporté une contribution particulière à la construction d’une société d’égales opportunités. Régine ne compte plus le nombre de conseils d’administration des institutions et organismes sur lesquels elle a déjà siégé, partageant partout son savoir faire en faveur des communautés. Depuis lors, Régine sillonne le Québecet le Canada pour tenir des conférences sursa stratégie d’accélération de l’intégrationde jeunes femmes immigrantes et les conditions de sa transférabilité.

De même, elle participe chaque année à la Conférence ONU-Femmes en qualité de membre de ladélégation canadienne. Ses prestations lorsdes dernières éditions, successivement à New York – 2019 et à Paris – 2018, ont été particulièrement couronnées de succès. Après sa brillante conférence à Dubaï en 2019, sur l’entrepreneuriat des femmes immigrantes au Québec, elle compte soutenir en 2021, l’implantation d’une antenne franchisée à Calgary dans la province canadienne d’Alberta. On ne serait pascomplet si on oubliait de signaler quemadame Régine Alende s’occupait déjà del’encadrement des filles immigrantes, alors qu’elle était encore étudiante àQuébec en 2008-2000.

Elle a, en outre, dispensé à maintes reprises des formationsaux coopérants canadiens en partancepour le Congo. Enfin, elle est membre deplusieurs regroupements féminins et immigrants comme FFQ, TGFM, TCRI, ARIR, ACCESS, etc. Elle offre de l’emploi à une dizaine des filles. Comme nous avons pu le remarquerà travers les considérations ci-haut, Régine Alende Tshombokongo est une femme deforte conviction qui s’est fait un devoir éminemment humain, celui d’apporter un soutien réel aux jeunes immigrantes pourleur insertion rapide au Québec. Elle nes’est pas contentée de l’atténuation des intenses sentiments d’incertitude qui minentsouvent les perspectives de jeunes femmesau terme de leur long et traumatisant processus migratoire. Par son dynamismeet sa capacité exceptionnelle d’innovationorganisationnelle, elle a réussi à mobiliserle capital social pour bâtir une entreprise d’empowerment auprès des maillons parmi les plus faibles de la population québécoise.

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Mme Régine Alende Tshombokongo, Directrice générale et fondatrice du Centre d’Encadrement des Jeunes Femmes Immigrantes (CEJFI)

Les axes d’intervention de cette entreprise étant basés sur des thématiques cohérentes et d’une pertinence sociale exceptionnelle, le CEJFI s’est construit rapidement une grande visibilité pour devenirune entreprise de référence, une organisation ayant pignon sur rue. Avec le temps, le CEJFI apparait de plus à plus être un lieu spécialisé de mise enœuvre de la stratégie d’accélération de l’intégration économique de jeunes femmes immigrantes, avec comme cachetspécial, un accompagnement spécifiqueaux personnes arrivées au terme d’un longet traumatisant processus migratoires, quise trouvent aux prise avec une triple source de discrimination subie en tant que jeunes, en tant que femmes et en tant qu’immigrante, souvent membres des minorités visibles. Invitée constamment par des écoles, des collectivités territoriales, des instances gouvernementales aussi bien provinciales que fédérales, ainsi que des milieux universitaires et aujourd’hui par des instances du système des Nations Unie, Régine Alende pour expliquer les retombées positive de la diversité, en général, et de l’immigration, en particulier, dont le processus d’intégration constitue le véhicule.

(1) L’Affaire «personne » 2012 OTTAWA, le 3 oct. 2012 /CNW