Après un face-à-face tendu, Biden et Poutine louent un sommet constructif et jouent l'apaisement

Après un face-à-face tendu, Biden et Poutine louent un sommet constructif et jouent l'apaisement

Joe Biden et Vladimir Poutine se sont serré la main ce mercredi au début de leur premier sommet à Genève, qui avait pour but d'apaiser les tensions entre les deux pays et de dégager quelques rares terrains d'entente.

Le président américain Joe Biden a proposé mercredi à son homologue russe Vladimir Poutine des relations plus "prévisibles" entre Etats-Unis et Russie, estimant que "deux grandes puissances" devaient gérer leurs désaccords de façon "rationnelle".

Le premier sommet entre les deux hommes -un peu plus court que prévu- s'est achevé à 17h05 (15h05 GMT) à Genève. Avant d'entrer dans le vif du sujet, les deux dirigeants se sont brièvement serré la main. Ils ont ensuite donné chacun une conférence de presse séparée, au cours desquelles ils ont vanté leurs échanges constructifs et joué l'apaisement.

Retour des ambassadeurs

"Il n'y avait aucune animosité (...) C'était une discussion franche et directe", a estimé le président russe à l'issue de la rencontre, tandis que son homologue américain évoquait, lors d'une conférence de presse distincte, une tonalité "positive".

Dans une nette rupture avec les atermoiements et les ambiguïtés de son prédécesseur républicain, Donald Trump, le président démocrate a assuré avoir clairement mis en garde l'homme fort du Kremlin, en particulier sur les cyberattaques.

Joe Biden a annoncé avoir transmis à son homologue une liste de 16 "infrastructures critiques" (énergie, distribution d'eau..) qui étaient à ses yeux "intouchables". Et assuré que les Etats-Unis pourraient répondre avec les mêmes armes en cas d'attaque "cyber". Il a aussi assuré qu'il ne tolérerait pas de "tentatives de déstabilisation de nos élections démocratiques", dans une référence à l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016.

Interrogé, alors qu'il avait terminé sa conférence de presse, sur les raisons pour lesquelles il pensait que Poutine allait modifier son comportement, il s'est emporté, assurant n'avoir jamais laissé entendre une chose pareille. Seul signe un peu concret d'un certain dégel, Vladimir Poutine a indiqué qu'il avait convenu avec Joe Biden du retour de leurs ambassadeurs respectifs, rappelés plus tôt cette année pour consultations. Il a aussi jugé qu'un "compromis" sur un échange de prisonniers était possible. Les deux dirigeants ont par ailleurs évoqué un futur dialogue en matière de "cyber-sécurité", tout en restant cependant évasifs sur ses contours.

"Deux grandes puissances"

Joe Biden avait proposé au début des discussions à son homologue russe des relations plus "prévisibles" entre Etats-Unis et Russie, estimant que "deux grandes puissances" devaient gérer leurs désaccords de façon "rationnelle".

Malgré la poignée de main -un geste devenu rare en pleine pandémie de Covid- les discussions s'annonçaient âpres et tendues. Le 46e président américain a adopté un ton résolument ferme ces derniers jours à l'égard de l'homme fort du Kremlin pour mieux marquer le contraste avec les atermoiements et les ambiguïtés de son prédécesseur républicain, Donald Trump.

Joe Biden a promis de dire à Vladimir Poutine quelles sont "ses lignes rouges". "Nous ne cherchons pas un conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités", avait-il déclaré lundi à la fin du sommet de l'Otan à Bruxelles.

Le président russe peut faire valoir une longue expérience: il a déjà côtoyé quatre autres présidents américains depuis son arrivée au pouvoir fin 1999. Nombre d'experts s'accordent à dire qu'il a déjà obtenu ce qu'il désirait le plus: la tenue du sommet comme illustration de l'importance de la Russie sur la scène mondiale.

Un sommet plus court que prévu 

Dans un entretien à la chaîne américaine NBC, Vladimir a dit espérer que le président démocrate se montre moins impulsif que son prédécesseur républicain. Mais il a aussi saisi l'occasion pour souligner combien Donald Trump était, selon lui, un homme "talentueux". Il était prévu que le sommet dure entre quatre et cinq heures, mais les délégations se seront finalement quittées au bout de 3h30 environ.

Après une rencontre en format réduit (les présidents américain et russe ainsi que les chefs de la diplomatie américaine et russe, Antony Blinken et Sergueï Lavrov), ils sont passés en milieu d'après-midi à une séquence de travail élargie.

Seul point de convergence entre la Maison Blanche et le Kremlin: les relations entre les deux pays sont au plus bas. Pour le reste, les sujets de discorde sont nombreux et les discussions s'annonçaient difficiles, en particulier sur l'Ukraine et le Bélarus. L'une des questions les plus sensibles est celle de la désinformation en ligne et des attaques informatiques.

Au-delà de la tentative d'ingérence dans l'élection de 2016 au profit de Donald Trump, des cyberattaques massives ont récemment agacé Washington. SolarWinds, Colonial Pipeline, JBS: autant d'opérations imputées à Moscou ou à des groupes de hackers basés en Russie.

La Russie, qui a toujours démenti, accuse Washington de s'immiscer dans ses affaires en soutenant l'opposition ou en finançant organisations et médias critiques du Kremlin. "Nous avons été accusés de toutes sortes de choses" mais "pas une seule fois, ils n'ont pris la peine de produire la moindre preuve", a lancé le président russe cette semaine.