Birmanie : la junte démet de ses fonctions l'ambassadeur du pays à l'ONU

Birmanie : la junte démet de ses fonctions l'ambassadeur du pays à l'ONU

Kyaw Moe Tun a été remercié samedi 27 février, au lendemain d'un discours dans lequel il avait appelé à « mettre fin au coup d'État militaire ».

Au lendemain de sa rupture spectaculaire avec le pouvoir militaire, le junte en Birmanie a annoncé samedi 27 février démettre de ses fonctions son ambassadeur aux Nations-Unies Kyaw Moe Tun. La veille, ce dernier avait rompu les rangs et appelé, avec émotion, à « mettre fin au coup d'État militaire ». « Nous avons besoin de l'action la plus forte de la communauté internationale pour immédiatement mettre fin au coup d'État militaire, mettre fin à l'oppression du peuple innocent et rendre le pouvoir de l'État au peuple », a déclaré Kyaw Moe Tun lors d'une session spéciale de l'Assemblée générale consacrée à la Birmanie. Cette annonce intervient au terme d'une nouvelle journée de répression et d'arrestations de manifestants alors que le pays entre dans sa quatrième semaine de mobilisation contre le coup d'État militaire.

Dans quelques phrases en birman, il a demandé à ses « frères et soeurs » de poursuivre le combat contre la junte. « Cette révolution doit gagner », a-t-il lancé, achevant son discours d'une douzaine de minutes sous les applaudissements avec trois doigts levés, le geste de ralliement des manifestants. Samedi soir, la télévision d'État MRTV a annoncé que Kyaw Moe Tun n'était plus l'ambassadeur de Birmanie à l'ONU. Il « n'a pas suivi les ordres et la direction de l'État, et a trahi le pays », a-t-elle annoncé. « C'est pourquoi, il est révoqué de son poste à partir d'aujourd'hui ».

Depuis le coup dÉtat militaire qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi, le 1er février dernier, le pays est secoué par une vague de manifestations pro-démocratie. Les autorités ont graduellement intensifié l'usage de la force pour disperser les manifestants, avec des gaz lacrymogènes, canons à eau, balles en caoutchouc et parfois des balles réelles. À Rangoun, samedi, la police a utilisé des balles en caoutchouc pour disperser une manifestation au carrefour de Myaynigone, scène la veille d'un long affrontement. Les manifestants se sont alors dispersés dans les rues alentours où, pour beaucoup munis de masques à gaz, casques et boucliers de fortune, ils ont érigé des barricades avec des poubelles et des tables empilées pour arrêter la police.