Alexeï Navalny interpellé par la police russe dès son retour à Moscou

Alexeï Navalny interpellé par la police russe dès son retour à Moscou

L'opposant russe Alexeï Navalny a été interpellé à l'aéroport de Moscou peu après l'atterrissage de son avion en provenance de Berlin.

L'appareil qui devait se poser à l'aéroport de Vnoukovo a finalement atterri à Cheremtievo à Moscou.

Les alliés de l'opposant russe accusés de "désobéissance"

En montant à bord aux côtés de sa femme Ioulia, Alexeï Navalny avait dit être "très heureux" de revenir et assuré "n'avoir rien à craindre en Russie". "Je suis certain que tout va bien se passer. On va m'arrêter? Ce n'est pas possible, je suis innocent", a-t-il lancé, avant d'ajouter: "En Allemagne, c'était bien, mais rentrer à la maison c'est toujours mieux".

A l'aéroport Vnoukovo, où l'opposant était à l'origine attendu, la police a pourtant interpellé la plupart de ses alliés venus l'accueillir, dont Lioubov Sobol, figure montante de l'opposition russe déjà arrêtée il y a quelques semaines.

La police antiémeute y était présente en force et délogeait progressivement de l'aéroport la plupart des quelques 200 partisans d'Alexeï Navalny qui s'y trouvaient, selon des journalistes de l'AFP. Les alliés d'Alexeï Navalny sont accusés de "désobéissance" envers la police, a précisé sur Twitter un proche collaborateur, Ivan Jdanov.

Mise en garde des services pénitentiaires russes

Selon l'ONG spécialisée OVD-Info, 37 personnes au total ont été arrêtées dimanche à Moscou avant l'arrivée d'Alexeï Navalny.

"Comme d'habitude, les autorités russes sont caractérisées par leur peur", avait encore dit l'opposant, âgé de 44 ans, en montant dans l'appareil.

Depuis que le pire ennemi du président Vladimir Poutine a annoncé mercredi son intention de rentrer, les services pénitentiaires russes (FSIN) l'ont mis en garde et assuré qu'ils seraient "obligés" de l'arrêter pour avoir violé les conditions d'une peine de prison avec sursis à laquelle il a été condamné en 2014.

Le chef de file de l'opposition russe était subitement tombé dans le coma en août, alors qu'il revenait d'une tournée électorale en Sibérie. D'abord hospitalisé à Omsk, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois sous la pression de ses proches.

Trois laboratoires européens ont depuis conclu que l'opposant avait été empoisonné par un agent innervant de type Novitchok, développé à l'époque soviétique à des fins militaires, conclusion confirmée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) malgré les dénégations de Moscou.

Moscou dément tout empoisonnement

L'opposant accuse les services spéciaux russes (FSB) d'avoir tenté de l'assassiner sur l'ordre direct de Vladimir Poutine. Au gré des versions, les autorités russes ont elles mis en cause les services secrets occidentaux, ou l'hygiène de vie d'Alexeï Navalny, refusant d'ouvrir une enquête, arguant notamment du refus de l'Allemagne de transmettre ses données à la Russie.

Samedi, Berlin a toutefois annoncé avoir transmis à Moscou des éléments de son enquête judiciaire, notamment "des procès-verbaux" d'interrogatoires d'Alexeï Navalny et "des échantillons de sang et de tissus, ainsi que des morceaux de vêtements".

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé dimanche que Moscou avait reçu ces documents mais assuré qu'ils "ne comportaient essentiellement rien" de ce que la Russie voulait.