Pékin va présenter une loi de sécurité nationale sur Hong Kong

 Pékin va présenter une loi de sécurité nationale sur Hong Kong

La Chine a annoncé jeudi un projet de loi de sécurité nationale relatif à Hong Kong après les vastes manifestations de l'an dernier contre l'exécutif local et le pouvoir central à Pékin, ce qui pourrait raviver le mouvement de contestation dans le territoire et accroître les tensions avec les Etats-Unis.

Ce texte a été inscrit à l'ordre du jour de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire, qui s'ouvre vendredi, précise l'agence de presse Chine nouvelle, confirmant ce qu'une source haut placée au sein de l'exécutif hongkongais avait dit à Reuters.

Les détails de ce projet de loi seront présentés vendredi, a dit le porte-parole du parlement chinois, Zhang Yesui, selon lequel cette législation permettra d'améliorer le fonctionnement de Hong Kong selon le principe "un pays, deux systèmes" et de servir les intérêts fondamentaux de tous les Chinois et de Hong Kong "à la lumière de nouvelles circonstances et de nouveaux besoins".

Cette initiative est néanmoins susceptible de provoquer de vives réactions non seulement à Hong Kong mais aussi aux Etats-Unis, qui laissent planer la menace d'une révision du statut économique spécial qu'ils accordent au territoire, lui permettant d'exercer un rôle de centre financier international.

D'après le journal South China Morning Post, qui a le premier fait état de ce projet de loi, le texte interdirait la sécession, l'ingérence étrangère, le terrorisme et toutes les activités séditieuses destinées à renverser le pouvoir central dans l'ancienne colonie britannique.

Des appels à des rassemblements à Hong Kong jeudi soir ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux pour protester contre ce projet et des dizaines de personnes ont été vues scandant des slogans en faveur de la démocratie.

"Si cette décision est mise en oeuvre, le principe 'un pays, deux systèmes' sera officiellement effacé, ce sera la fin de Hong Kong", a commenté le député pro-démocrate Dennis Kwok.

A Washington, Donald Trump a déclaré que les Etats-Unis réagiraient "avec force" si Pékin allait jusqu'au bout.

Le département américain d'Etat a estimé que "toute initiative visant à imposer une loi de sécurité nationale qui ne reflète pas la volonté de la population hongkongaise serait hautement déstabilisatrice" et susciterait une "ferme condamnation" de la part des Etats-Unis et de la communauté internationale.

LE PARLEMENT DE HONG KONG CONTOURNÉ ?

Hong Kong, qui jouit d'une autonomie relative depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, a connu l'an dernier un vaste mouvement de contestation contre l'exécutif local et contre la volonté prêtée à Pékin de renforcer son emprise sur la ville.

La Chine rejette ces accusations et accuse l'Occident, en particulier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, d'attiser les tensions à Hong Kong.

Ce mouvement en faveur de libertés accrues, accompagné de manifestations parfois violentes, a perdu en intensité depuis le début de l'année avec l'épidémie de nouveau coronavirus, qui a entraîné des mesures de confinement de la population et de limitation des rassemblements.

L'exécutif de Hong Kong a déjà tenté en 2003 d'introduire une législation de sécurité nationale, connue sous le nom d'"article 23", mais ce projet avait été abandonné à la suite de vastes manifestations.

Hong Kong a l'obligation constitutionnelle d'appliquer l'article 23 "par elle-même" mais Pékin peut de manière distincte imposer des textes de même nature en annexe de la Loi fondamentale, la mini-Constitution de la ville.

Ce mécanisme juridique permettrait de contourner le Parlement de Hong Kong en permettant que le texte soit simplement promulgué par l'exécutif local, favorable à Pékin.

L'adoption d'une telle loi sur Hong Kong pourrait constituer un sujet d'affrontement supplémentaire entre la Chine et les Etats-Unis, en plus des tensions commerciales entre les deux premières économies mondiales et des accusations américaines sur un manque de transparence chinois au sujet de la pandémie de nouveau coronavirus.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a annoncé le 6 mai qu'il reportait la publication du rapport d'évaluation sur le degré d'autonomie de Hong Kong, dont dépend le traitement spécial que lui accordent les Etats-Unis.

Ce report a été décidé dans l'attente d'éventuelles initiatives de l'Assemblée nationale populaire, dont la session a été retardée de plus de deux mois en raison du coronavirus.