Coronavirus: un tiers de l'humanité confinée, les JO reportés

Coronavirus: un tiers de l'humanité confinée, les JO reportés

La pandémie de Covid-19, née en décembre au cœur de la Chine, force aujourd'hui plus du tiers des humains à se confiner dans leurs maisons et ne cesse de provoquer des bouleversements majeurs, dont le dernier en date est le report, annoncé mardi, des Jeux olympiques d'été.

Alors qu'un espoir se lève à l'Est, avec la fin prochaine de la quarantaine imposée pendant deux mois aux habitants de la province chinoise de Hubei, de nombreux pays sont aux prises avec une flambée de la maladie, que rien n'illustre mieux que la transformation, à Madrid, d'une patinoire en morgue géante.

Après avoir longuement hésité, les organisateurs des JO de Tokyo se sont rendus mardi à l'évidence : impossible, dans de pareilles conditions, d'organiser en juillet la grand-messe internationale du sport.

Le premier ministre Shinzo Abe a proposé au Comité international olympique un report d'un an, ce que le CIO a immédiatement accepté, annonçant que les JO d'été 2020 auront lieu "au plus tard à l'été 2021, afin de sauvegarder la santé des sportifs et de tous ceux impliqués dans les JO ainsi que la communauté internationale".

Depuis la première édition en 1896, il s'agit du premier report des Jeux olympiques en dehors d'une période de guerre.

Ces jeux, qui s'appelleront toujours "Tokyo 2020", seront "le témoignage de la défaite du virus" face à l'humanité, a lancé M. Abe.

- Levée de quarantaine

Mais pour l'instant, face à cette maladie sans vaccin ni remède, cette "défaite du virus" ne semble pouvoir passer que par une drastique réduction des contacts entre êtres humains.

C'est ainsi qu'avec le confinement annoncé de la population indienne, qui entrera en vigueur mardi à minuit (18H30 GMT), plus de 2,6 milliards de personnes sont désormais appelées par leurs autorités à rester confinées chez elles, selon un comptage réalisé à partir d'une base de données de l'AFP.

Cela représente plus d'un tiers de la population mondiale, évaluée par l'ONU à 7,8 milliards de personnes en 2020.

Les Indiens vont à leur tour se cloîtrer chez eux au moment où, paradoxalement, la province chinoise du Hubei, berceau de la pandémie, entame les préparatifs pour lever, dans les jours qui viennent, sa quarantaine qui a duré plus de deux mois.

Ces dernières semaines, le nombre de nouvelles contaminations dans le Hubei s'est considérablement réduit. Certains habitants ont déjà repris le travail et les transports publics redémarrent progressivement. Les résidents de Wuhan, ville au cœur de l'épidémie et placée sous cloche depuis fin janvier, devront cependant attendre le 8 avril.

Cette image optimiste tranche avec la situation ailleurs dans le monde, où les mesures d'isolation mettent du temps à porter leurs fruits.

D'après un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles, près de 17.000 personnes ont perdu la vie à cause de ce virus et plus de 386.350 cas d'infection ont été diagnostiqués dans 175 pays et territoires.

Ce nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu'une fraction du nombre réel de contaminations, un grand nombre de pays ne testant plus que les cas nécessitant une hospitalisation.

- "Ils meurent seuls"

Partout les systèmes de santé, y compris des pays développés, sont au bord de l'explosion.

Avec une image symbolique, une patinoire devenue morgue: à Madrid, les autorités ont dû opérer cette transformation pour entreposer des cadavres, lors d'une journée noire avec près de 500 morts en 24 heures. L'Espagne déplore au total 2.696 décès et près de 40.000 infections.

Mardi matin, à la sortie de l'hôpital universitaire de La Paz, dans la capitale espagnole, Guillen del Barrio, un infirmier de 30 ans qui sort d'une épuisante garde de nuit, témoigne : "C'est très dur, cette nuit nous avions des gens fiévreux pendant de longues heures en salle d’attente, on devait parfois leur donner de l'oxygène, des gens très vieux..."

"Il y a eu cinq morts de coronavirus dans la nuit", dit-il. "Beaucoup de collègues pleurent parce que des gens meurent seuls sans avoir revu leur famille et nous avons à peine le temps de leur tenir compagnie".

En Europe, le cap des 10.000 personnes tuées par le coronavirus a été franchi en ce début de semaine, la majorité en Italie (plus de 6.000), pour un total de près de 200.000 cas d'infection -- une comptabilité officielle sans doute inférieure à la réalité.

Après avoir baissé dimanche et lundi, faisant naître un espoir de décrue, le nombre des morts sur une journée est reparti à la hausse mardi en Italie, avec 743 morts au cours des dernières 24 heures.

Aux Etats-Unis, le Pentagone a estimé mardi que la crise du coronavirus allait durer "plusieurs mois", avec un retour à la normale au plus tôt en juin-juillet sur le territoire américain.

Sur la base de l'expérience des pays déjà infectés comme la Chine, la Corée du Sud ou Hong Kong, "je pense que nous devons nous préparer pour une période de plusieurs mois au moins", a déclaré le ministre américain de la Défense Mark Esper.

"Il faut tabler sur dix, peut-être douze semaines", a ajouté le chef d'état-major américain, le général Mark Milley.

Dans l'Etat de New York, épicentre de l'épidémie aux USA, on observe "un doublement du nombre de cas confirmés tous les trois jours", a déclaré mardi son gouverneur Andrew Cuomo.

Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les Etats-Unis, où le nombre de cas et de victimes est pour l'instant limité, courent le risque de devenir dans un futur proche le nouvel épicentre de la pandémie, situé pour le moment en Europe.

"Nous constatons une très forte accélération du nombre de cas aux Etats-Unis, donc cela se pourrait", a estimé Margaret Harris, une porte-parole de l'OMS. "Nous ne pouvons pas dire que c'est déjà le cas, mais la possibilité existe".

Selon le dernier rapport quotidien de l'OMS publié lundi soir, les Etats-Unis ont vu le nombre de personnes testées positifs au nouveau coronavirus et de décès doubler en 24h (31.573 cas d'infection cumulés et 402 morts).