Le nouveau sultan d'Oman entre prolongement et réformes

Le nouveau sultan d'Oman entre prolongement et réformes

Le nouveau sultan d'Oman, Haitham ben Tarek, a promis de marcher dans les pas de son prédécesseur Qabous, le père fondateur de l'Oman moderne, et devrait engager son pays dans une nouvelle phase de son développement, selon les analystes.

Le nouveau souverain a remplacé samedi le sultan Qabous mort à 79 ans après avoir dirigé le sultanat pendant 50 ans, le faisant passer du statut d'un pays arriéré et isolé à celui d'une nation moderne, neutre et respectée dans le Golfe et sur la scène internationale.

Haitham ben Tarek, âgé de 65 ans est un passionné de sport, qui a occupé le poste de sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères pour les affaires politiques, avant de devenir ministre du Patrimoine et de la Culture au milieu des années 1990.

Au ministère des Affaires étrangères, il a eu l'occasion de représenter son pays dans des conférences internationales mais reste relativement peu connu sur le plan international.

Il a également été le premier dirigeant de la Fédération de football d'Oman au début des années 1980.

Grand de taille, avec une barbe blanchie par les années, le nouveau sultan a joué un rôle clé auprès de plusieurs multinationales étrangères et a été l'artisan de la réalisation de plusieurs grands projets, notamment dans le domaine de l'énergie et du tourisme.

Selon ses biographes, il a supervisé --en tant que ministre du Patrimoine et de la Culture-- la restauration de nombreux monuments historiques et la publication d'une encyclopédie d'Oman, un ouvrage de référence sur le sultanat.

Dans son premier discours en sa qualité de sultan, Haitham ben Tarek a promis de marcher dans les pas de son prédécesseur, notamment en matière de politique étrangère.

"Nous allons suivre la voie tracée par le sultan défunt", a déclaré Haitham ben Tarek.

Il s'est engagé à poursuivre une "politique étrangère basée sur la coexistence pacifique entre les nations (...) et sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, dans le respect de la souveraineté des nations et de la coopération internationale".

Il a ajouté que son pays continuerait "comme sous le règne du sultan Qabous à favoriser des solutions pacifiques" aux crises régionales et mondiales.

- "Vision Oman 2040"

Depuis décembre 2013, il préside le Comité suprême chargé de développer la nouvelle stratégie nationale du pays, "Vision Oman 2040", qu'il devrait selon toute vraisemblance continuer de soutenir.

"Cet aspect est crucial car les réformes sociales et économiques ainsi que de l'économie politique sont les plus importants défis d'Oman, qui se débat avec un déficit élevé, une dette internationale et le chômage des jeunes", explique Cinzia Bianco, analyste auprès du Conseil européen pour les relations internationales.

Dans le sillage du Printemps arabe en 2011, Oman a également connu des manifestations contre la corruption et le sultan Qabous avait alors écarté de hauts responsables qui étaient soupçonnés de mauvaise gestion.

Le nouveau souverain a "des liens importants avec les familles d'entrepreneurs d'Oman et peut les influencer pour qu'elles se rallient aux changements", souligne Mme Bianco. Et il part avec l'avantage d'avoir une famille royale apparemment soudée derrière lui.

"La famille royale a été relativement rapide à trouver un successeur (au sultan Qabous). Cela donne une image extérieure d'unité qui est très importante dans une région instable", juge l'analyste.

"Il a une personnalité tranquille et une culture immense. Diplômé d'Oxford, il et très proche des membres de la famille royale britannique", assure-t-elle.

Le nouveau sultan est marié et père de quatre enfants, deux garçons et deux filles, selon la presse omanaise.