Unis contre Trump, les démocrates exposent leur division entre modérés et progressistes

Unis contre Trump, les démocrates exposent leur division entre modérés et progressistes

Modérés et progressistes se sont divisés mercredi lors du débat démocrate pour la présidentielle américaine, le jeune maire Pete Buttigieg, en pleine ascension, tentant de se présenter en rassembleur capable de regagner les électeurs qui ont été un temps séduits par Donald Trump.

Occupant la même voie modérée que l'ancien vice-président Joe Biden, favori dans les sondages, Pete Buttigieg a toutefois reconnu qu'il n'avait pas percé chez les Noirs, un électorat clé si les démocrates veulent battre le président républicain en 2020.

Malgré leur union contre Donald Trump, menacé par une procédure de destitution, les quatre grands candidats ont nettement exposé leurs différends, MM. Biden et Buttigieg critiquant le programme plus à gauche des sénateurs Warren et Sanders.

Leurs projets de réforme vers un système universel de santé "ne sont pas la bonne approche pour rassembler les Américains", a lancé Pete Buttigieg, benjamin de la course âgé de 37 ans.

L'ancien vice-president de Barack Obama, Joe Biden, a lui martelé qu'"en ce moment, la vaste majorité des démocrates ne soutient pas" une telle réforme.

La sénatrice Elizabeth Warren a défendu ses propositions en affirmant que la meilleure façon de "rassembler" était de "construire une Amérique qui fonctionne pour tous, pas juste pour les riches".

Tous portés par la volonté brûlante de battre le président républicain Donald Trump en novembre 2020, dix-sept candidats sont en lice pour l'investiture démocrate, dont dix d'entre eux débattaient en direct mercredi à la télévision.

Mais un peloton de tête s'est nettement dégagé ces derniers mois, avec en tête Joe Biden (30%), qui a fêté justement ses 77 ans mercredi, suivi d'Elizabeth Warren, 70 ans (18%) et de Bernie Sanders, 78 ans (17%), selon la moyenne établie par le site RealClearPolitics.

Premier candidat homosexuel ayant de réelles chances dans la course à la Maison Blanche, M. Buttigieg arrive en quatrième place avec seulement 8%.

Mais il connaît depuis fin octobre une ascension fulgurante dans les sondages de l'Iowa, un Etat clé puisqu'il votera le premier le 3 février, et plus récemment dans le New Hampshire, qui suivra juste après (11 février).

Maire de South Bend, une ville de 100.000 habitants dans l'Indiana, cet ex-militaire était encore inconnu du grand public il y a un an.

"J'ai l'expérience nécessaire pour défier Donald Trump. Je sais bien qu'elle ne correspond pas à l'expérience traditionnelle de l'establishment à Washington", a-t-il ironisé.

"Pour battre ce président, nous avons besoin de quelqu'un qui (...) vienne vraiment des endroits où il séduit", a-t-il ajouté en référence à son Midwest natal, fait de bassins ouvriers et régions rurales qui ont basculé en faveur du milliardaire Donald Trump en 2016 après des années de vote démocrate.

- "J'accepte le défi" -

Alors que le débat était organisé à Atlanta, en Géorgie, un Etat à forte population noire, M. Buttigieg a été interpellé sur son soutien très faible parmi les Noirs, qui votent en vaste majorité pour les démocrates.

Après l'avoir critiqué cette semaine, la sénatrice noire Kamala Harris a déclaré que le parti démocrate ne pouvait plus les prendre pour acquis.

"A un moment, les gens en ont marre qu'on les remercie juste parce qu'ils se mobilisent et disent, "à votre tour de vous mobiliser pour moi"", a-t-elle déclaré sous les applaudissements.