Afrique-Russie : Poutine veut « doubler les échanges commerciaux dans les cinq ans »

Afrique-Russie : Poutine veut « doubler les échanges commerciaux dans les cinq ans »

À Sotchi, où se tient le premier grand sommet Russie-Afrique, Poutine a insisté sur le potentiel de l'Afrique et a affiché ses ambitions pour le continent.

D'avoir d'abord rencontré le président Abdel Fattah al-Sissi avant de s'adresser à un parterre de dirigeants africains a été le premier signal envoyé par le chef du Kremlin au sommet Russie-Afrique ouvert à Sotchi ce 23 octobre. Il a ensuite rencontré parmi les premiers le président sud-africain Cyril Ramaphosa, lequel a salué la « relation merveilleuse » avec la Russie « depuis longtemps ». D'emblée, Vladimir Poutine a promis de doubler dans les cinq ans les échanges commerciaux, conscient du potentiel de développement de l'Afrique, sur lequel il a d'ailleurs insisté.

Une manière pour Moscou de revenir sur un continent dont la Russie s'est retirée à la chute de l'URSS et où la Chine et les pays occidentaux ont plusieurs longueurs d'avance. De quoi justifier que ce sommet se veuille une réplique aux « forums sur la coopération sino-africaine » qui ont permis à Pékin de devenir le premier partenaire du continent. Pour info, en 2018, les échanges commerciaux entre la Russie et l'Afrique se sont élevés à 20 milliards de dollars, moins de la moitié de ceux de la France et dix fois moins que ceux de la Chine. Et la majorité du commerce concerne les armes, rare domaine dans lequel la Russie reste en tête. Pour retourner la tendance, Vladimir Poutine a vanté dans un entretien à l'agence d'État Tass une coopération sans ingérence « politique ou autre », à l'heure où certains acteurs africains, inquiets de leur dépendance financière, commencent à ressentir une forme de lassitude face à la Chine.

Sotchi à l'heure africaine...

Cet événement, qui doit se répéter tous les trois ans, est d'autant plus important que Moscou, après cinq années de sanctions économiques occidentales, a un besoin crucial de partenaires et de débouchés pour conjurer sa croissance atone. Dans un contexte de tensions exacerbées avec les pays occidentaux, il est aussi l'occasion pour Moscou, après son grand retour au Moyen-Orient à la faveur de ses succès syriens, de montrer qu'elle est une puissance d'influence mondiale. Avec 43 dirigeants et plus de 3 000 participants, dont de nombreux responsables africains, la ville de Sotchi, qui avait accueilli les J0 2014, s'est mise à l'heure africaine pour quelques jours.

Dans les allées du sommet, les stands des entreprises d'armement se taillent la part du lion, hommes d'affaires russes et africains se pressant pour manipuler les derniers fusils automatiques présentés par Rosoboronexport, l'agence russe chargée des exportations d'armes. Au-delà des armes, peu d'entreprises russes étaient visibles.

- "Relation merveilleuse" -

Lors de la session plénière, Vladimir Poutine a aussi promis que la Russie continuerait à aider les pays africains en effaçant leurs dettes, assurant que "le montant total" dépassait déjà 20 milliards de dollars.

L'effacement des dettes est un point clé de la politique russe en Afrique, qui conditionne souvent ses programmes à des contrats d'armement avec les pays concernés.

L'une des premières rencontres bilatérales du président russe a été avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a salué la "relation merveilleuse que nous avons depuis longtemps". Il a vu dans le sommet de Sotchi "une opportunité de renforcer nos relations".

Vladimir Poutine a également rencontré le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qu'il a félicité pour son récent prix Nobel de la paix.

M. Ahmed doit s'entretenir mercredi en marge du sommet avec Abdel Fattah al-Sissi, alors que le ton monte entre l'Ethiopie et l'Egypte sur le grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil, en Ethiopie, qui pourrait entraver l'approvisionnement en eau côté égyptien.

Vladimir Poutine a aussi rencontré le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, qui a demandé à Moscou de lui envoyer "des moyens létaux et des véhicules blindés de transport de troupe" et réclamé l'intervention de la Russie pour la levée totale de l'embargo sur les armes pesant sur la Centrafrique.

Début 2018, c'est l'arrivée d'armes et de dizaines de "conseillers militaires" en Centrafrique, pourtant un pré carré français, qui avait permis à la Russie de faire un spectaculaire retour sur le théâtre africain.

Le Sommet, qui doit se répéter tous les trois ans, est d'autant plus important que Moscou, après cinq années de sanctions économiques occidentales, a un besoin crucial de partenaires et de débouchés pour conjurer sa croissance atone.

Dans un contexte de tensions exacerbées avec les pays occidentaux, il est aussi l'occasion pour Moscou, après son grand retour au Moyen-Orient à la faveur de ses succès syriens, de montrer qu'elle est une puissance d'influence mondiale.

Une vingtaine en tout et presque aucun groupe énergétique, secteur pourtant crucial de la présence russe à l'étranger. Parmi les pays africains, seuls le Kenya, la République démocratique du Congo et Djibouti, à travers son port, disposent de stands. Cela dit, des poids lourds du continent sont aussi là, comme le Nigérian Muhammadu Buhari, des partenaires historiques aussi tels que l'Angolais Joao Lourenço ou plus récents comme le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Par ailleurs, des pays où la Russie est quasi absente ont aussi fait le déplacement, à l'instar de la Côte d'Ivoire avec son président Alassane Ouattara, qui aura en tête l'éventuelle conclusion d'un accord de coopération militaire.