Trudeau défie le Nouveau-Brunswick sur l’accès à avortement

Trudeau défie le Nouveau-Brunswick sur l’accès à avortement

Justin Trudeau met en garde les conservateurs du Nouveau-Brunswick : un gouvernement libéral réélu pourrait retrancher ses transferts en matière de santé s’ils ne s’assurent pas que soit rouverte l’unique clinique d’avortement dans la province.

La clinique 554 de Fredericton a annoncé la semaine dernière qu’elle fermera ses portes si le gouvernement provincial ne revient pas sur sa décision de cesser de financer les avortements à l’extérieur des hôpitaux. Si la clinique ferme, le recours à l’avortement ne sera plus disponible que dans trois hôpitaux du Nouveau-Brunswick — deux à Moncton et un à Bathurst.

Le chef libéral fédéral, Justin Trudeau, a lancé un avertissement à son homologue. « Si on est réélus, je m’assoirai avec le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, pour lui expliquer qu’il doit fournir une couverture pour les services d’avortement offerts en dehors des hôpitaux […] et que le gouvernement fédéral serait prêt à utiliser tous les outils nécessaires, y compris sous la Loi canadienne sur la santé, pour s’assurer que ce soit fait. » M. Trudeau en a en outre profité pour critiquer les politiciens conservateurs comme M. Higgs ou son rival fédéral Andrew Scheer, qui ne défendraient « certainement pas » le droit des femmes a-t-il affirmé.

La Loi canadienne sur la santé stipule que les transferts aux provinces sont conditionnels au respect de cinq principes, notamment l’intégralité et l’accessibilité des soins. « Quand il y a manquement aux cinq principes, le fédéral peut retirer à la province une part des transferts », explique le professeur émérite de l’École de santé publique de l’Université de Montréal André-Pierre Contandriopoulos.

Le gouvernement de Justin Trudeau avait par exemple menacé Québec en 2016 de retrancher ses transferts en santé si la province ne mettait pas un terme aux frais accessoires facturés en cliniques. « La même logique pourrait amener le fédéral à menacer d’intervenir dans les provinces maritimes qui n’ont plus de clinique d’avortement ouverte », note M. Contandriopoulos.

Son fils, Damien Contandriopoulos, lui aussi expert en la matière, corrobore le fait que, « sur le plan technique, le fédéral a les outils pour forcer une province à couvrir correctement les services d’avortement ». Le Nouveau-Brunswick pourrait ainsi voir réduit son transfert en santé, qui s’élève à 800 millions de dollars cette année. Damien Contandriopoulos, de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, rappelle toutefois que l’accès limité à l’avortement au Nouveau-Brunswick ou à l’Île-du-Prince-Édouard (où une première clinique a été ouverte en 2017) ne date pas d’hier, « et on n’a pas vu beaucoup d’action du gouvernement Trudeau ces dernières années » pour le rétablir.

Les libéraux ont rétorqué mardi que M. Trudeau avait soulevé la question avec le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard avant que celui-ci n’annonce qu’il allait ouvrir une clinique en janvier 2017.