Trump et les Kurdes, une trahison insensée

Trump et les Kurdes, une trahison insensée

Le président américain n'a pas seulement lâché les Kurdes: c'est son pays tout entier qu'il fait passer après ses propres intérêts.

Non, le président Trump n'a pas fait une «erreur» en retirant ses troupes du nord-est de la Syrie la semaine dernière, comme beaucoup l'en ont accusé. Cela faisait longtemps qu'il voulait le faire. L'erreur, c'est qu'il ne comprend pas et, surtout, qu'il se contrefiche des conséquences de son acte.

Le coup de fil fatidique du 6 octobre avec le président turc Recep Tayyip Erdo?an, par lequel il lui a donné le feu vert pour franchir la frontière syrienne et écraser les Kurdes sans que les États-Unis ne lèvent le petit doigt, a fait plus qu'aucune autre initiative historique pour démolir l'ordre global post-Seconde Guerre mondiale et isoler l'Amérique du reste du monde. Encore une fois, c'était l'objectif de Trump depuis le jour où il a mis le pied à la Maison-Blanche.

Pendant longtemps, un ou plusieurs de ses conseillers -Jim Mattis, H.R. McMaster, John Bolton ou le général Joseph Dunford- l'ont retenu ou dissuadé de se retirer. Aujourd'hui, ils sont tous partis et les conseillers qui les remplacent manquent soit du pouvoir, soit de la jugeote nécessaire pour lui opposer une résistance.

Force mercenaire

Trump peut croire qu'il fait ce qu'il faut faire, que laisser tomber les problèmes du reste du monde va «rendre sa grandeur à l'Amérique». Il ne se rend pas compte que la puissance et la richesse de son pays dépendent, dans une large mesure, de la coopération, volontaire ou contrainte, d'autres acteurs qui défendent ses intérêts aux quatre coins de la planète.

Il est également aveugle au fait -ou il répugne à admettre- qu'en réalité, il ne se retire pas du reste du monde. Le 11 octobre, quelques jours après avoir livré nos alliés kurdes à la Turquie (et par conséquent toute la Syrie à Bachar el-Assad et aux Russes), Trump a annoncé qu'il (...) Lire la suite sur Slate.fr