Frappes turques dans le nord de la Syrie, Erdogan déterminé à poursuivre l'assaut

Frappes turques dans le nord de la Syrie, Erdogan déterminé à poursuivre l'assaut

Les forces turques ont intensifié vendredi leurs bombardements meurtriers contre des cibles kurdes dans le nord de la Syrie, le président turc Recep Tayyip Erdogan affirmant que l'offensive se poursuivrait en dépit des avertissements américains.

Depuis le début mercredi de l'assaut turc contre des secteurs contrôlés par une milice kurde syrienne, 54 combattants kurdes et 17 civils ont péri selon une ONG, et 100.000 personnes ont fui leurs foyers d'après l'ONU. Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 17 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières en Turquie.

Avec cette offensive qui a suscité un tollé international, la Turquie, voisine de la Syrie en guerre, cherche à instaurer une "zone de sécurité" de 32 kilomètres de profondeur le long de sa frontière afin de séparer celle-ci des territoires contrôlés par la milice des Unités de protection du peuple (YPG) qu'elle qualifie de "terroriste".

Les raids aériens turcs se sont poursuivis vendredi soir principalement sur la ville de Kobané, dans la région autonome kurde établie à la faveur du conflit syrien, a indiqué une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"D'intenses combats principalement de Tal Abyad à Ras al-Aïn", villes frontalières, opposent les troupes turques et leurs alliés locaux aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les YPG, soutenues par l'Occident, sont l'épine dorsale, d'après l'ONG.

Utilisant des tunnels et des tranchées, les FDS tentent de freiner l'avancée des troupes turques qui ont pris jeudi 11 villages, dont deux ont été depuis repris par les Kurdes, selon l'OSDH.

Le Pentagone a indiqué que des soldats américains près de Kobané s'étaient trouvés sous le feu de l'artillerie turque, mais qu'aucun n'avait été blessé.

- "Sanctions très fortes" -

Tal Abyad et Ras al-Aïn, presque entièrement désertées par leurs habitants, sont les plus touchées, selon un centre de presse affilié aux autorités kurdes locales. Des tribus arabes ayant rejoint les forces turques ont mené des attaques en activant des cellules dormantes.

"Peu importe ce que certains disent, nous ne stopperons pas cette" opération, a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Istanbul. "On reçoit maintenant des menaces à droite et à gauche, on nous dit "Arrêtez". (...) Nous ne reviendrons pas en arrière."

"Nous continuerons notre combat jusqu'à ce que tous les terroristes soient descendus au sud des 32 kilomètres" prévus pour la "zone de sécurité", a-t-il dit.

Après avoir semblé donner son feu vert à cette opération en retirant des soldats américains de secteurs frontaliers dans le nord syrien, le président Donald Trump a soufflé le chaud et le froid, menaçant notamment d'"anéantir" l'économie turque si Ankara "dépassait les bornes".

Ce retrait américain a été perçu comme une trahison par les forces kurdes, jusqu'alors alliées de la coalition internationale menée par Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a été vaincu en mars avec la perte de son dernier fief en Syrie.

Vendredi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a affirmé que Donald Trump avait autorisé, sans toutefois les activer pour l'instant, des "sanctions très fortes" contre la Turquie qui pourraient "neutraliser" son économie.

Les Etats-Unis ont présenté vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU une déclaration demandant à Ankara "d'arrêter son opération militaire". Mais le texte a été bloqué par la Russie et la Chine.