L'Iran et les Etats-Unis campent sur leurs positions malgré la pression internationale

L'Iran et les Etats-Unis campent sur leurs positions malgré la pression internationale

Les Etats-Unis et l'Iran ont campé jeudi sur leurs positions malgré l'intense pression internationale à l'Assemblée générale des Nations unies, repoussant la perspective d'une sortie de crise après des mois d'escalade des tensions.

Téhéran a ainsi vivement dénoncé la "nette hostilité" des Européens qui, menés par le président français Emmanuel Macron, avaient pourtant multiplié les efforts au cours de la grand-messe annuelle de la diplomatie mondiale à New York pour favoriser un dialogue direct entre les deux pays.

"Les Européens viennent en se présentant comme des médiateurs et disent beaucoup de choses, mais ils sont tous creux", a fustigé, à Téhéran, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

La République islamique a été piquée au vif par les accusations lundi de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, qui ont rejoint les Etats-Unis dans leur mise en cause de la "responsabilité" iranienne dans les attaques du 14 septembre contre des infrastructures pétrolières saoudiennes. Ces attaques ont encore envenimé la confrontation américano-iranienne et fait craindre un embrasement dans le Golfe.

- "Fournir les preuves" -

"Nous n'avons rien à voir là-dedans", a réaffirmé le président iranien Hassan Rohani lors d'une conférence de presse à New York.

Il a mis au défi "ceux qui portent ces accusations" de "fournir les preuves nécessaires", assurant les avoir demandées aux dirigeants européens rencontrés à l'ONU. "Ils ont répondu qu'ils n'avaient pas de telles informations", a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a affirmé de son côté avoir présenté des "informations" à de nombreux pays durant cette semaine à l'ONU, ce qui a, selon lui, permis de les convaincre du rôle de Téhéran.

"Je pense qu'ils ont été frappés de voir à quel point la République islamique d'Iran n'est pas prête à faire ce qu'il faut pour se conduire comme un pays normal", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse organisée au même moment que celle de Hassan Rohani, mais dans un autre hôtel new-yorkais.

Le gouvernement de Donald Trump a pour l'instant fait preuve d'une grande retenue dans sa réponse militaire à ces attaques, se bornant à déployer des renforts "modérés" dans le Golfe pour donner sa chance à la diplomatie. Jeudi, le Pentagone a précisé qu'il s'agirait de 200 militaires et de missiles Patriot envoyés en Arabie saoudite pour "renforcer la défense anti-aérienne" du royaume.

Symbole de l'impasse actuelle, le président iranien a refusé de rencontrer son homologue américain pendant son séjour à New York en dépit de fortes pressions d'Emmanuel Macron et d'autres dirigeants européens et asiatiques.

- "Levée des sanctions" -

Les sanctions imposées à l'Iran depuis le retrait américain de l'accord international sur le nucléaire iranien "sont un préalable qui ne permet pas" d'instaurer un dialogue, a-t-il expliqué jeudi. "Si on parvient à la levée de ce préalable" et "si l'Amérique lève les sanctions et sa pression maximale", "bien entendu nous pourrons parler avec l'Amérique", a-t-il toutefois ajouté.

Or le président Trump, qui était arrivé dimanche à New York ouvert à un tel tête-à-tête historique, en est reparti jeudi en augmentant au contraire la pression diplomatique et économique sur Téhéran.

L'occupant de la Maison Blanche a "décrété que les hauts responsables du régime et leurs familles" ne seraient "plus autorisés à entrer aux Etats-Unis" pour éviter qu'ils "profitent des bienfaits d'une société libre pendant que le peuple iranien souffre de la corruption et de la mauvaise gouvernance", a déclaré Mike Pompeo.

Mercredi, il avait déjà durci l'application de l'embargo sur les exportations de pétrole iranien en sanctionnant des sociétés chinoises accusées de l'avoir contourné, une décision vivement condamnée par Pékin.

Donald Trump a rétabli depuis 2018, puis considérablement durci, les sanctions américaines qui avaient été levées dans le cadre de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Cet accord semble de plus en plus compromis et l'Iran pourrait à nouveau s'affranchir prochainement de certains de ses paramètres.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé jeudi que l'Iran avait lancé le processus d'enrichissement d'uranium dans ses centrifugeuses avancées. Il s'agit d'une nouvelle étape du désengagement progressif de Téhéran de l'accord de 2015 censé l'empêcher d'obtenir la bombe atomique.

"Nous l'avions annoncé en amont, en toute transparence", a fait valoir Hassan Rohani, promettant que ces nouvelles activités n'avaient d'autre but que la recherche et le développement dans le domaine du nucléaire civil.