Pétrole: l'Arabie saoudite se veut rassurante après les attaques de samedi

Pétrole: l'Arabie saoudite se veut rassurante après les attaques de samedi

Le ministre saoudien de l'Energie s'est voulu rassurant mardi sur la capacité de son pays à se remettre rapidement de l'attaque qui a réduit de moitié sa production pétrolière, tout en évitant de pointer un doigt accusateur vers l'Iran.

"J'ai de bonnes nouvelles pour vous (...) l'approvisionnement en pétrole des marchés internationaux est revenu à son niveau datant d'avant les attaques", a déclaré le prince Abdel Aziz ben Salmane lors d'une conférence de presse à Jeddah, la grande ville portuaire de l'ouest saoudien.

"Au cours des deux derniers jours, nous avons récupéré la moitié de la production perdue", a-t-il ajouté, assurant que la production saoudienne sera entièrement rétablie fin septembre.

Le pays atteindra à cette date une capacité de production de 11 millions de barils par jour et de 12 millions de barils par jour fin novembre, a-t-il assuré.

Le marché pétrolier, très attentif à toute réaction saoudienne, a vite réagi aux affirmations de Ryad.

Après avoir flambé lundi, le prix du brut new-yorkais s'est ainsi nettement replié mardi soir à la suite des propos du ministre.

Le baril de WTI pour livraison en octobre, la référence américaine du brut, a reculé de 3,56 dollars, ou 5,7%, pour finir à 59,34 dollars, tandis que le baril de Brent pour livraison en novembre, coté à Londres, a baissé de 4,47 dollars, ou 6,5%, à 64,55 dollars.

Certains experts doutent toutefois que Ryad puisse restaurer aussi rapidement sa production.

"Rétablir une capacité de production durable à 11 millions de barils par jour d'ici la fin du mois est un objectif ambitieux, compte tenu du nombre de réparations nécessaires", a déclaré à l'AFP Alex Schindelar, président du groupe Energy Intelligence.

- Enquête -

Samedi, les rebelles Houthis du Yémen ont revendiqué des attaques de drones visant l'usine d'Abqaiq, la plus grande au monde pour le traitement de pétrole, et le champ pétrolier de Khurais --deux sites dans l'est de l'Arabie saoudite--, provoquant la réduction de la production saoudienne de 5,7 millions de barils par jour, soit 6% de la production mondiale.

Si l'administration américaine a accusé l'Iran d'être responsable de ces attaques, le prince Abdel Aziz ben Salmane a affirmé que Ryad "ne sait pas qui est derrière" ces actions.

Le royaume attend de réunir des "preuves suivant des normes internationales" avant de se prononcer, selon le prince.

Lundi, l'Arabie saoudite avait affirmé que "les armes utilisées dans l'attaque étaient iraniennes", d'après les premiers éléments de sa propre enquête. Téhéran a nié avec véhémence toute implication.

Réuni mardi sous la présidence du roi Salmane, le Conseil des ministres saoudiens a condamné les attaques et assuré que le royaume "défendra son territoire et ses installations vitales" contre ces actions destinées à "perturber l'approvisionnement mondial" en pétrole.

L'Arabie "est capable de riposter (aux attaques) d'où qu'elles viennent", a souligné le Conseil dans un communiqué, appelant la communauté internationale à des "positions plus fermes pour arrêter ces agressions".

Les événements ont aussi réveillé la crainte d'une escalade militaire entre l'Iran et les Etats-Unis. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo doit s'envoler mardi pour l'Arabie saoudite afin d'évoquer la "réponse" des Etats-Unis à ces attaques, selon le vice-président américain Mike Pence.

- Aramco -

Avant les attaques de samedi, l'Arabie saoudite pompait effectivement 9,9 millions de barils par jour, parmi lesquels 7 millions étaient exportés, principalement vers des pays asiatiques.

Selon Amin Nasser, PDG du géant pétrolier saoudien Aramco, dix foyers d'incendie sur les sites attaqués ont été éteints en l'espace de sept heures.

"En ce qui concerne le rétablissement de la production, il n'y a aucune entreprise au monde qui puisse faire cela en quelques jours", s'est-il félicité lors d'une conférence de presse, qualifiant sa compagnie de "formidable".

L'introduction en Bourse d'Aramco "se poursuivra comme prévu" et aura lieu au cours des 12 mois à venir, a assuré le président de son conseil d'administration, Yassir al-Roumayyan, présent au même point-presse.

"Nous n'allons rien arrêter", a-t-il affirmé.