Un diplomate turc tué au Kurdistan irakien, Ankara promet de riposter

Un diplomate turc tué au Kurdistan irakien, Ankara promet de riposter

Un diplomate turc a été tué mercredi dans l'attaque d'un restaurant d'Erbil dans le nord de l'Irak et la Turquie voisine a aussitôt promis de riposter, sans toutefois désigner de coupable.

La mission de l'ONU en Irak a appelé à "un maximum de retenue" et a réclamé aux autorités irakiennes et kurdes de la région "une enquête diligente", tandis que Washington a dénoncé un acte de "violence gratuite".

En début d'après-midi, un homme armé a tiré sur des employés du consulat général de la Turquie dans un restaurant d'un quartier très fréquenté d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien, tuant le vice-consul turc, a indiqué à l'AFP un officier de police sous le couvert de l'anonymat.

"Un employé du consulat turc et un civil ont été tués, tandis qu'un autre civil a été blessé", ont rapporté les forces de sécurité kurdes irakiennes dans un communiqué. Le gouvernement de la région autonome, où la Turquie dispose de bases militaires, a indiqué qu'une enquête était en cours et qu'il ne "tolèrerait aucun trouble à la sécurité et à la stabilité du Kurdistan".

L'agence de presse étatique turque Anadolu a affirmé, citant le responsable du restaurant, que l'assaillant était seul, habillé en civil et muni de deux pistolets, et qu'il a directement pris pour cible les employés du consulat turc.

Il a pris la fuite, selon l'officier de police. Des témoins ont indiqué que des barrages avaient été mis en place dans et aux alentours du quartier d'Ainkawa où a eu lieu l'attaque, connu pour ses restaurants et commerces.

L'attaque n'a pas été revendiquée.

- Attaque "lâche" -

Aussitôt depuis Ankara, le porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, a promis une "réponse appropriée aux auteurs de cette attaque lâche", sans toutefois désigner de coupable.

Le président Erdogan a ensuite condamné l'attaque sur Twitter. "Nous poursuivons nos démarches auprès du gouvernement irakien et des autorités locales afin de retrouver au plus vite les auteurs de cette attaque", a-t-il affirmé.

Les troupes turques mènent depuis mai une opération au Kurdistan d'Irak, frontalier de la Turquie, contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié d'"organisation terroriste" par Ankara, l'Union européenne et les Etats-Unis.

Un porte-parole de la branche armée du PKK, Dyar Denir, a affirmé n'avoir aucun lien avec cette fusillade.

Une deuxième phase de l'offensive aérienne et terrestre de l'armée turque, qui vise surtout à détruire des abris utilisés par le PKK dans les montagnes irakiennes, a commencé vendredi au Kurdistan.

De nombreux experts irakiens ont déjà pointé du doigt la probable responsabilité du PKK --présent notamment le long de la poreuse frontière avec la Syrie-- dans l'attaque de mercredi.

Ils avancent notamment que le PKK a récemment annoncé la mort de commandants kurdes lors de raids turcs.

- Protection des diplomates -

Des tirs de roquettes sur la Zone verte de Bagdad où se trouvent les ambassades américaine et britannique en mai, et une manifestation violente aux abords de l'ambassade de Bahreïn fin juin, ont attiré l'attention sur la protection des diplomates et des chancelleries en Irak.

Bagdad, qui s'est déclaré fin 2017 vainqueur des jihadistes du groupe Etat islamique (EI), s'était engagé à protéger les représentations diplomatiques sur son sol.

En mai, Washington a retiré son personnel diplomatique non essentiel de son ambassade à Bagdad et de son consulat à Erbil dans le contexte des tensions croissantes avec l'Iran, voisin de l'Irak.

Mercredi, l'ambassade américaine à Bagdad s'est dite, dans un communiqué, "solidaire" des diplomates turcs pour réclamer "la défense et la protection des diplomates et chancelleries en Irak".