Kerry défend l'accord nucléaire avec l'Iran face aux élus US

Kerry défend l'accord nucléaire avec l'Iran face aux élus US

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est monté au créneau jeudi devant le Congrès des Etats-Unis pour défendre l'accord sur le nucléaire iranien conclu la semaine dernière à Vienne.

Il a affirmé aux élus sceptiques qu'en cas de refus de leur part de voter ce pacte, Téhéran relancerait aussitôt son programme militaire nucléaire.

Le chef de la diplomatie américaine témoignait devant le Congrès pour la première fois depuis la conclusion de l'accord entre Téhéran et les grandes puissances le 14 juillet dernier.

Il a répondu vertement au président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le républicain Bob Corker, qui l'accusait d'avoir été "floué" par les négociateurs iraniens dans la dernière ligne droite des discussions.

"Le fait est que l'Iran dispose désormais d'une expérience poussée dans la technologie du cycle du combustible nucléaire", a déclaré John Kerry. "Nous ne pouvons anéantir ce savoir-faire par les armes ou par des sanctions."

Si le Congrès refuse de voter l'accord, a affirmé John Kerry, ce sera "un énorme feu vert pour l'Iran pour doubler le rythme de son enrichissement de l'uranium".

"Nous aurons gaspillé notre meilleure chance de résoudre ce problème par des moyens pacifiques", a ajouté le secrétaire d'Etat.

Les échanges au vitriol entendus jeudi au Capitole reflètent le raidissement des positions entre l'exécutif démocrate et les deux chambres du Congrès dominées par les républicains au moment où s'ouvre une session d'examen de l'accord pour une durée de 60 jours, considérée comme cruciale pour sa mise en oeuvre.

L'accord suscite également la colère d'Israël, qui y voit une menace pour sa sécurité, ainsi que des partisans d'une ligne dure à Téhéran.

"BILAN ATROCE"

Selon une loi promulguée en mai dernier, le Congrès a jusqu'au 17 septembre pour approuver ou rejeter l'accord, qui encadre le programme nucléaire de la République islamique en échange d'une levée des sanctions internationales.

Le sénateur démocrate Ben Cardin, qui siège également à la Commission des Affaires étrangères du Sénat, a dit ne pas avoir encore décidé de voter oui, mais souligné que des progrès importants avaient été réalisés par les négociateurs américains.

Le sénateur Marco Rubio, candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2016, a accusé Barack Obama de récompenser l'Iran pour "son bilan atroce en matière de droits de l'homme".

"C'est un accord dont la survie n'est pas garantie au-delà du mandat actuel du président", a déclaré Marco Rubio.

Si le Congrès venait à désapprouver l'accord de Vienne malgré le droit de veto dont dispose Barack Obama, le président ne pourrait lever la plupart des sanctions américaines imposées à l'Iran.

Le secrétaire au Trésor Jack Lew et le secrétaire à l'Energie Ernest Moniz ont également témoigné jeudi, mettant leur poids dans la balance pour tenter de convaincre des élus réticents.

Répondant aux critiques selon lesquelles le pacte de Vienne lèverait trop rapidement les sanctions, Jack Lew a répondu qu'il n'empêchait pas les Etats-Unis d'instaurer des sanctions supplémentaires sur des questions liées aux violations des droits de l'homme si nécessaire.

A propos des accusations selon lesquelles l'Iran pourrait profiter de failles relatives à l'inspection de ses sites pour tricher, Ernest Moniz répondu : "Je suis convaincu que les fondements techniques de cet accord sont solides".