Commerce: Feu vert des membres de l'UE aux négociations avec les USA

Commerce: Feu vert des membres de l'UE aux négociations avec les USA

Les Etats membres de l'Union européenne ont donné leur accord définitif à l'ouverture de négociations commerciales avec les Etats-Unis, malgré l'opposition de la France à cette initiative.

Les gouvernements européens ont voté lundi à une écrasante majorité en faveur du mandat de négociations proposé par la Commission européenne. Seule la France a voté contre, tandis que la Belgique s'est abstenue.

La commissaire au Commerce, Cecilia Malmström, s'est dite convaincue de pouvoir parvenir à un accord avec Washington avant la fin du mandat du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le 31 octobre prochain.

Elle doit prendre contact avec le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer.

"Je pense que cela peut aller assez vite. Nous sommes absolument déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour terminer (les négociations) pendant la Commission Juncker", a-t-elle déclaré.

Les Etats-Unis sont les premiers partenaires commerciaux de l'Union européenne et inversement. Les échanges entre les deux entités représentent 30% du commerce mondial.

La Commission, qui coordonne la politique commerciale des Vingt-Huit, veut entamer des négociations avec l'administration Trump avec un double mandat: obtenir une baisse des droits de douane sur les produits industriels, et faciliter la tâche des entreprises qui doivent démontrer que leurs produits respectent les normes européennes ou américaines.

Emmanuel Macron avait fait savoir lors du sommet européen qui s'est tenu mercredi à Bruxelles que Paris refuserait l'ouverture de ces négociations, en invoquant le chantage exercé par Donald Trump et sa décision de retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat.

La France aurait au moins souhaité que la question soit renvoyée à après les élections européennes du mois de mai, sans toutefois pouvoir s'y opposer formellement, l'ouverture de négociations commerciales ne nécessitant pas l'unanimité des Vingt-Huit, comme c'est le cas d'autres procédures européennes.

UNE "PERCÉE" POUR L'ALLEMAGNE

Selon des diplomates, l'Allemagne est à l'inverse pressée de voir les négociations démarrer pour tenter de mettre ses constructeurs automobiles à l'abri d'une hausse des droits de douane aux Etats-Unis, dont Donald Trump a plusieurs fois brandi la menace.

"L'objectif est de ramener à zéro les droits de douane sur les produits industriels et à éviter un conflit commercial", a déclaré le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier dans un communiqué, qualifiant de "percée" la décision européenne.

"Ces négociations ne seront pas faciles, mais nous les mènerons avec détermination, pour le bénéfice des deux parties", a-t-il ajouté.

Jean-Claude Juncker a réussi à conclure une trêve avec le président américain à ce sujet en juillet dernier, mais Donald Trump a récemment montré de nouveaux signes d'impatience.

Les exportations de voitures et de pièces détachées par les constructeurs allemands Volkswagen, Daimler, maison mère de Mercedes, et BMW représentent plus de la moitié de l'ensemble des exportations européennes dans ce secteur.

La Commission a en revanche assuré qu'elle ne discuterait pas des droits de douane et autres barrières commerciales dans le domaine de l'agriculture, un chiffon rouge pour la France et d'autres pays européens mais une exigence de l'administration Trump qui voudrait ouvrir davantage le marché communautaire à sa production.

"L'agriculture ne fera pas partie des négociations. C'est une ligne rouge pour l'Europe", a assuré Cecilia Malmström.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont parallèlement entamé des préparatifs liés à leur querelle concernant les subventions aux constructeurs aéronautiques Airbus et Boeing.

Le président américain Donald Trump a déclaré mardi que Washington allait imposer des droits de douane sur 11 milliards de dollars (9,8 milliards d'euros) de produits européens.

La Commission européenne a répliqué en dressant une liste de produits importés des Etats-Unis, représentant un total de 20 milliards d'euros, qui pourraient être frappés de droits de douanes élevés, a-t-on appris vendredi de sources européennes. Cette liste devrait être rendue publique mercredi.