Washington sanctionne des dirigeants nord-coréens sur fond de nouvelle impasse

Washington sanctionne des dirigeants nord-coréens sur fond de nouvelle impasse

Les Etats-Unis ont sanctionné lundi trois dirigeants nord-coréens, dont l'un des plus hauts responsables d'un régime accusé d'être parmi "les pires" au monde pour les droits humains, sur fond de nouvelle impasse dans les négociations sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.

C'est la première fois que des hauts responsables du régime de Pyongyang sont aussi directement sanctionnés par Washington depuis le sommet de juin à Singapour entre Donald Trump et Kim Jong Un. Il s'agit aussi de la critique la plus virulente des autorités de Corée du Nord depuis cette rencontre historique, alors que le président américain ne cesse de clamer son amitié pour le dirigeant nord-coréen.

Dans un communiqué, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin explique avoir ciblé ces responsables pour leur rôle à la tête des "départements mettant en oeuvre au nom du régime une censure d'Etat brutale, des violations des droits humains et d'autres abus en vue de réprimer et de contrôler la population".

Ces sanctions sont prises sur la base d'un rapport régulier du département d'Etat à l'attention du Congrès américain, dont l'édition publiée lundi, jour du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains, porte plus particulièrement sur l'absence de médias indépendants et de liberté d'expression en Corée du Nord.

"Les violations des droits humains en Corée du Nord demeurent parmi les pires au monde et incluent meurtres extrajudiciaires, travail forcé, torture, détention arbitraire prolongée, viols, avortements forcés et autres violences sexuelles", dénonce la diplomatie américaine dans un communiqué.

- Deuxième sommet Kim-Trump? -

Le directeur du département de l'Organisation au sein du Parti des travailleurs de Corée, Choe Ryong Hae, est ainsi placé sur une liste noire américaine. Il est en fait souvent "vu comme le "numéro deux" qui exerce un contrôle sur le parti, le gouvernement et l'armée", rapporte le Trésor américain, rappelant qu'il est aussi vice-président du Comité central de la formation qui règne sans partage sur le pays.

Le ministre de la Sécurité publique Jong Kyong Thaek est aussi ciblé, ainsi que le directeur du département de la Propagande au sein du parti, Pak Kwang Ho.

Les mesures punitives (gel des avoirs aux Etats-Unis, interdiction de faire affaire avec des Américains) sont essentiellement symboliques, tant le régime reclus fait déjà l'objet de sanctions internationales draconiennes vouées à l'isoler du reste du monde.

Mais elles sont annoncées alors que l'administration Trump est régulièrement accusée d'avoir fermé les yeux sur la répression politique ces derniers mois pour privilégier des avancées sur le désarmement nucléaire de la Corée du Nord.

Or sur cet aspect crucial du rapprochement spectaculaire entre Pyongyang et Washington, les négociations censées suivre le sommet de juin sont à nouveau au point mort. Et ce alors même que Donald Trump continue d'évoquer un nouveau tête-à-tête avec Kim Jong Un pour début 2019.

La perspective de ce deuxième sommet semblait avoir relancé les discussions. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'était ainsi rendu début octobre à la rencontre de Kim Jong Un.

Mais un entretien prévu un mois plus tard à New York avec un émissaire nord-coréen a été annulé à la dernière minute par Pyongyang, sans explication. Les diplomates américains ont promis de le reprogrammer au plus vite, sans succès jusqu'ici, tandis que l'envoyé spécial de Mike Pompeo pour la Corée du Nord, Stephen Biegun, nommé fin août, n'a toujours pas entamé les discussions avec ses homologues nord-coréens.

A Washington, certains diplomates constatent que les négociations sur la "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne" promise de manière vague par Kim Jong Un à Singapour sont dans l'impasse, faute de réponse nord-coréenne aux propositions mises sur la table côté américain.

Le spécialiste de la Corée du Nord Bruce Klingner, ancien de la CIA, s'est demandé si ces sanctions visaient à répondre aux critiques sur l'attitude des Etats-Unis face aux violations des droits humains par le régime Kim ou "à faire pression en vue d'un éventuel deuxième sommet". "Certains vont dire que cela sape les chances de progrès sur la dénucléarisation", a-t-il noté sur Twitter, tout en estimant que la défense des valeurs ne devait pas pour autant être abandonnée.