Khamenei ne compte plus sur l'Europe pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien

Khamenei ne compte plus sur l'Europe pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien

Le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré mercredi que Téhéran devrait "abandonner ses espoirs" de voir les pays européens sauver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, après le retrait américain de ce traité international en mai dernier.

Il n'a pas exclu que son pays renonce à cet accord.

"L'accord nucléaire est un moyen, pas un but, et si nous constatons qu'il ne sert pas nos intérêts nationaux, nous pouvons l'abandonner", a déclaré Ali Khamenei lors d'une réunion avec le président Hassan Rohani et le gouvernement, selon son site internet officiel.

Le guide suprême a ajouté que Téhéran n'entendait pas négocier, à quelque niveau que ce soit, un nouvel accord avec les responsables américains en raison de leur "indécence" et de leur "hostilité".

"Il n'y a aucun problème à négocier et à garder le contact avec les Européens mais vous devriez abandonner les espoirs que vous avez placés en eux à propos des questions économiques et de l'accord nucléaire", a ajouté Ali Khamenei lors de cette réunion.

Les pays européens ont fait savoir la semaine dernière qu'ils n'avaient pas renoncé à trouver les moyens de sauver l'accord de Vienne de juillet 2015 malgré le retrait américain. [nL8N1VF5BX]

Au cours de cette même réunion, Khamenei a demandé à Rohani et à son gouvernement de travailler "jour et nuit" pour résoudre les difficultés économiques, selon des propos rapportés par la télévision d'Etat.

"Nous devons être forts dans le domaine économique. Mes responsables devraient travailler jour et nuit pour résoudre les problèmes", a-t-il dit.

OFFENSIVE DES CONSERVATEURS CONTRE ROHANI

Des parlementaires iraniens ont lancé mercredi une procédure de destitution visant le ministre de l'Education et ont aussi dans leur viseur le ministre de l'Industrie et des Mines, accentuant la pression sur le président Rohani dans le difficile contexte du rétablissement des sanctions commerciales américaines.

Trois jours après la destitution du ministre de l'Economie par le Parlement, elle-même précédée de celle du ministre du Travail, le chef de l'Etat, élu sur la promesse de réformes économiques et d'ouverture, apparaît de plus en plus fragilisé face à la faction conservatrice incarnée par l'ayatollah Khamenei.

Les conservateurs affirment que c'est la mauvaise gestion du pays par le gouvernement, et non les sanctions américaines, qui est responsable de l'effondrement de la devise nationale, le rial, de la flambée de l'inflation qui en résulte et de la hausse du chômage.

La décision prise par Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire de 2015 a réduit à néant la promesse du chef de l'Etat de moderniser l'Iran après des années de sanctions internationales qui ont empêché le pays de se développer.

Les conservateurs, favorables à la poursuite du programme nucléaire et à l'engagement de l'Iran dans les conflits régionaux, s'attachent depuis à marginaliser Rohani, considéré comme un modéré et réélu pour quatre ans en 2017.

Certains parlementaires menacent désormais de saisir la justice pour obtenir sa destitution mais le président du Parlement, Ali Larijani, a estimé mercredi que cela n'était pas possible "sur le plan légal".

Un responsable du Conseil des gardiens de la Constitution, l'équivalent iranien de la Cour constitutionnelle, a pour sa part évoqué des "ambiguïtés" à ce sujet, selon des propos rapportés par l'agence Tasnim.