Progrès au sein de l'UE dans les négociations sur l'Iran

Progrès au sein de l'UE dans les négociations sur l'Iran

Les Etats-membres de l'Union européenne se sont dans l'ensemble rangés à l'idée d'imposer de nouvelles sanctions à l'Iran, comme le proposent l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, ont déclaré mercredi des diplomates.

Londres, Paris et Berlin ont fait cette suggestion à leurs partenaires européens pour tenter de convaincre les Etats-Unis de préserver l'accord de 2015 sur le programme nucléaire de la République islamique, selon un document obtenu à la mi-mars par Reuters.

Donald Trump a accepté le 12 janvier, pour la troisième fois depuis son arrivée à la Maison blanche, de ne pas imposer à nouveau les sanctions levées en vertu de l'accord, mais a exigé qu'il soit "corrigé" avant le 12 mai.

Les assurances de l'administration américaine que de nouvelles sanctions européennes pourraient apaiser Trump, de même qu'une approche moins agressive de Berlin, Paris et Londres, semblent avoir convaincu les membres de l'UE d'abord hostiles à la démarche de leurs partenaires allemand, français et britannique.

Depuis l'attaque chimique présumée du 7 avril à Douma, imputée au régime syrien, les gouvernements européens font l'objet de pressions plus intenses pour condamner l'implication de l'Iran dans le conflit, ont aussi expliqué des diplomates.

"Ce n'est pas encore un accord conclu, mais plusieurs Etats ont cessé de s'opposer" à de nouvelles sanctions, a expliqué un diplomate. L'Espagne, l'Autriche et la Suède se sont jointes à la majorité en faveur de nouvelles sanctions, a-t-il précisé.

A la suite de réunions organisées à Washington, Luxembourg et Bruxelles au cours de la semaine écoulée, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ont décidé d'adopter une démarche plus consensuelle afin de convaincre leurs partenaires européens.

L'ensemble des 25 gouvernements doit accepter l'adoption de ces nouvelles mesures, ont affirmé des émissaires.


L'ITALIE RÉFRACTAIRE

Une étude va être menée pour évaluer l'impact politique et économique des sanctions proposées à l'encontre de 15 hauts représentants, personnalités militaires et sociétés en Iran. D'ultimes discussions pourraient ensuite avoir lieu à Bruxelles.

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel vont se rendre séparément à Washington la semaine prochaine pour y rencontrer Donald Trump et devraient évoquer avec lui l'accord sur le nucléaire iranien.

Depuis l'ultimatum de Trump, les puissances européennes signataires du JCPOA (Plan d'action global conjoint) s'emploient pour tenter de sauver cet accord, négocié de haute lutte et dont ils estiment que la suppression pourrait avoir des effets désastreux au Proche-Orient.

Le JCPOA, signé en juillet 2015 par l'Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, limite les activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions.

Un diplomate européen a dit la semaine dernière que les hauts représentants britannique, français et allemand estimaient progresser vers un nouveau cadre qui répondrait aux attentes de Donald Trump.

Cependant, l'Italie, qui a signé en janvier un accord d'investissement avec Téhéran à hauteur de cinq milliards d'euros, craint que ces sanctions ne nuisent à ses efforts pour renouer des relations commerciales avec l'Iran, qui fut par le passé le deuxième fournisseur de pétrole de l'UE.

Rome, dans une impasse politique depuis les élections législatives le mois dernier, pourrait expliquer ne pas pouvoir appuyer de nouvelles sanctions.

Des diplomates italiens se sont aussi interrogés sur l'influence réelle que ces nouvelles mesures pourraient avoir sur Trump.

Même si elles n'étaient pas adoptées dans le délai fixé par le président américain, de nouvelles sanctions seraient nécessaires pour montrer la désapprobation de l'UE à l'égard du soutien de Téhéran au régime d'Assad.

"Un objectif a été fixé et les Européens partagent les mêmes inquiétudes concernant le programme balistique de l'Iran et son activité dans la région, voilà ce qui est important", a affirmé un autre diplomate.