La Chine donne à Xi Jinping le droit d'être président à vie

La Chine donne à Xi Jinping le droit d'être président à vie

Le Parlement chinois a aboli dimanche la disposition constitutionnelle qui limitait la fonction présidentielle à deux mandats de cinq ans, ce qui permet, en théorie, au président Xi Jinping de rester chef de l'Etat à vie.

L'amendement à la Constitution chinoise a obtenu le soutien de la quasi-totalité des quelque 3.000 députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP), seuls deux d'entre eux s'y opposant et trois s'abstenant.

Il confirme sa stature de plus puissant dirigeant chinois depuis la mort de Mao Zedong en 1976. La limitation à deux mandats présidentiels avait été inscrite dans la constitution chinoise en 1982 par Deng Xiaoping, qui voulait ainsi lutter contre le culte de la personnalité et les dangers de la concentration du pouvoir entre les mains d'un seul homme, après le chaos provoqué par la "révolution culturelle" ordonnée par Mao.

S'adressant aux journalistes, Shen Chunyao, président de la commission des affaires législatives du comité permanent du parlement, a exclu tout risque de retour au pouvoir d'un seul homme ou à des luttes politiques pour le pouvoir politique.

"Pour ce qui est des suppositions, conjectures et situations tendues évoquées dans votre question, je pense qu'elles n'ont pas lieu d'être", a-t-il dit.

Cette modification de la loi fondamentale chinoise avait été proposée en février par le parti communiste (PCC) et son adoption par le Parlement ne faisait aucun doute malgré la nécessité d'obtenir la majorité des deux tiers.

LA PENSÉE DE XI DANS LA CONSTITUTION

Chef de l'Etat depuis 2013, Xi Jinping, 64 ans, se voit ainsi offrir la possibilité de demeurer en fonction après le terme de son second mandat en 2023.

Le gouvernement chinois a justifié l'abolition de la limitation du nombre de mandats par la nécessité de protéger l'autorité du parti avec Xi Jinping dans une position centrale. Le Quotidien du Peuple, organe officiel du PCC, a expliqué que cette mesure ne signifiait pas un mandat à vie pour le chef de l'Etat.

Les fidèles du PCC, qui participaient à la session annuelle de l'ANP, ont déclaré que ce changement constitutionnel avait l'approbation du peuple et que la Chine avait la chance de disposer d'un dirigeant de l'envergure de Xi.

Ce dernier a entamé son second mandat de secrétaire général du PCC en octobre et il devrait être officiellement reconduit dans ses fonctions par le Parlement à la fin de la semaine.

La proposition de réforme présentée il y a quinze jours par le PCC a suscité des critiques sur les réseaux sociaux, certains établissant un parallèle avec la situation politique en Corée du Nord ou rappelant la stratégie du culte de la personnalité employée par Mao.

Le gouvernement chinois a rapidement répliqué en bloquant les propos critiques à l'égard du régime et en déployant une propagande favorable au pouvoir en place.

L'amendement approuvé dimanche prévoit également que "la pensée de Xi Jinping" est inscrite dans la Constitution et instaure un nouveau département élargi de lutte contre la corruption.