Conférence mouvementée à Sotchi sur la paix en Syrie

Conférence mouvementée à Sotchi sur la paix en Syrie

La conférence de paix sur la Syrie organisée par la Russie mardi à Sotchi a été marquée par la discorde et la confusion, certains délégués de l'opposition syrienne décidant de rentrer en Turquie et le chef de la diplomatie russe se faisant bruyamment chahuter.

Dans leur communiqué final, les participants insistent sur le respect de la souveraineté et de l'unité territoriale de la Syrie après quasiment sept ans de guerre civile.

Leur déclaration note aussi que le peuple syrien devrait décider de son avenir par des élections et être habilité à choisir son propre système politique.

Le texte appelle aussi à la préservation de l'armée syrienne et de son rôle de "protection des frontières de la Syrie face à des menaces étrangères et de lutte contre le terrorisme".

Les participants se sont par ailleurs entendus sur la mise en place d'un comité qui se penchera sur l'élaboration d'une nouvelle Constitution syrienne, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par l'agence de presse russe Tass.

Ce "comité constitutionnel" de 150 membres comprendra des représentants de tous les mouvances syriennes, y compris celles qui n'étaient pas représentées à Sotchi, a-t-il précisé.

Leur travail s'effectuera dans le cadre des négociations de paix de Genève sous l'égide des Nations unies, a ajouté le chef de la diplomatie russe.

La question de la Constitution était le principal sujet au menu du "Congrès du dialogue national" organisé dans la station balnéaire des bords de la mer Noire.

La réunion s'est déroulée dans des conditions mouvementées. A l'ouverture de la conférence, Sergueï Lavrov, qui lisait un message du président Vladimir Poutine, a été interrompu par les cris hostiles de certains délégués reprochant à la Russie, alliée de Bachar al Assad, de "tuer des civils" en Syrie. La scène a été diffusée en direct à la télévision russe.

L'événement a été boycotté par le Comité des négociations de l'opposition syrienne et par les Kurdes de Syrie. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, qui n'étaient pas présents, protestent contre ce qu'ils considèrent comme le refus du gouvernement syrien de s'engager sincèrement dans des négociations.

L'OPPOSITION REPART EN TURQUIE

Les pays occidentaux soutiennent les efforts de paix menés sous l'égide des Nations unies, dont la dernière session en date s'est tenue la semaine dernière à Vienne.

"La résolution de cette crise passera par l'urgence d'une solution sous l'égide des Nations unies qui doit se passer à Genève, et la France a cela pour objectif immédiat. Ça ne se passe pas à Sotchi, ça doit se passer à Genève", a lancé mardi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à l'Assemblée nationale.

La durée de la conférence de Sotchi, initialement fixée à deux jours et qui devait débuter lundi, a été finalement ramenée à une journée. La plupart des délégués avec lesquels Reuters a pu s'entretenir venaient de Damas et ne s'opposaient pas au président Assad.

Un groupe d'opposants venus de Turquie, dont des membres de l'opposition armée, a refusé de quitter l'aéroport de Sotchi tant que les emblèmes du gouvernement syrien n'auraient pas été retirés.

Le chef de ce groupe, Ahmed Tomah, a ensuite déclaré dans une vidéo enregistrée à l'aéroport qu'ils allaient regagner la Turquie et que leurs demandes seraient présentées à la conférence par la délégation turque.