Crise des visas: entretien téléphonique entre les diplomaties turques et américaines

Crise des visas: entretien téléphonique entre les diplomaties turques et américaines

Les chefs de la diplomatie turc et américain ont évoqué mercredi au cours d'un entretien téléphonique la crise provoquée par la suspension des services de visas entre les deux pays, a annoncé l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Mevlüt Cavusoglu et Rex Tillerson "ont discuté de la suspension réciproque des services de visa", affirme l'agence de presse sans plus de détails.

Déjà tendues depuis plusieurs mois, les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, deux pays partenaires au sein de l'Otan, ont viré à l'orage après l'inculpation pour "espionnage", la semaine dernière, d'un employé turc du consulat américain à Istanbul. En rétorsion, Washington a suspendu dimanche l'essentiel des services de délivrance des visas américains en Turquie.

Ankara a répliqué par des mesures similaires et le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est vivement pris mardi à l'ambassadeur des Etats-Unis en Turquie, John Bass, affirmant qu'il n'était plus considéré "comme le représentant des Etats-Unis" en Turquie.

Le Premier ministre turc Binali Yildirim a adopté mercredi un ton plus conciliant. "Nous "espérons que les relations entre deux alliés vont rapidement revenir à la normale", a-t-il déclaré. "A un moment où les tensions régionales et mondiales sont grandissantes, nous n'abandonnerons pas notre bon sens".

Si les dirigeants turcs manifestent leur mécontentement, ils se sont gardés jusqu'à présent de s'en prendre au président Donald Trump, concentrant leurs critiques sur l'ambassadeur américain, désigné comme l'instigateur de la suspension des visas.

Les autorités américaines apportent leur "soutien total" à l'ambassadeur américain, a fait savoir la porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert, à Washington. La décision de suspendre les services de visas a été prise "en coordination" avec le gouvernement américain, a-t-elle ajouté.

Elément qui risque d'alimenter la crise, un autre employé turc du consulat américain à Istanbul est sous le coup d'une convocation de la justice turque.

Cette guerre inédite des visas survient après des mois de différends sur plusieurs fronts, à commencer par la Syrie, où la Turquie reproche aux Etats-Unis d'appuyer des milices kurdes qu'elle considère comme "terroristes".

Autre sujet de discorde, l'extradition du prédicateur Gülen, réclamée sans succès par Ankara depuis la tentative de coup d'Etat avorté de juillet 2016. M. Erdogan a récemment suggéré qu'il était prêt à l'"échanger" contre un pasteur américain détenu en Turquie.