Législatives en Allemagne : Merkel gagnante, mais affaiblie par l'extrême droite

Législatives en Allemagne : Merkel gagnante, mais affaiblie par l'extrême droite

Angela Merkel a réussi dimanche son pari en s'assurant un quatrième mandat consécutif à la tête du gouvernement allemand mais va devoir s'atteler à de difficiles tractations pour former une nouvelle coalition dans un Parlement où l'extrême droite est de retour pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

D'après les premières projections diffusées par la chaîne de télévision ARD à la fermeture des bureaux de vote, le bloc conservateur CDU-CSU de la chancelière est donné vainqueur du scrutin avec un score projeté de 32,5% des voix, très en deçà de ses 41,5% obtenus aux précédentes élections, il y a quatre ans.

Angela Merkel égale certes Konrad Adenauer et son mentor en politique, Helmut Kohl, les deux seuls chanceliers à s'être procuré quatre mandats depuis l'après-guerre, mais la poussée de l'extrême droite ternit son succès.

L'arrivée au Bundestag de députés d'Alternative für Deutschland, parti anti-immigration et xénophobe, est un "grand test" pour l'Allemagne, a reconnu la chancelière qui a admis qu'elle espérait "bien sûr" un meilleur résultat.

Mais elle a ajouté que son parti avait clairement obtenu un mandat pour former le prochain gouvernement et a ajouté qu'aucune coalition n'était possible sans le bloc CDU-CSU.

"D'un point de vue comptable, il y a deux manières de former une coalition. Numériquement le SPD et la CDU/CSU ont assez d'élus. Il s'agit d'une question de responsabilité, une question pratique et non théorique", a dit la chef du gouvernement.

"J'ai entendu que le SPD n'était pas disponible pour des négociations mais nous pourrons en discuter demain. Nous allons dormir sur cela et nous en parlerons demain. Je veux un gouvernement stable pour l'Allemagne", a-t-elle ajouté, se disant confiante d'avoir un gouvernement stable avant Noël.

Les sociaux-démocrates du SPD sont donnés à 20%, un score historiquement bas, très loin de 25,7% de 2013. Manuela Schwesig, la vice-présidente du parti, en a aussitôt tiré les conséquences, proclamant la mort de la "grande coalition" mise en place avec la CDU-CSU en 2013.

"C'est un très mauvais résultat pour le SPD, une lourde défaite. Pour nous se termine aujourd'hui la grande coalition", a-t-elle déclaré, imité plus tard dans la soirée par Martin Schulz.

Les électeurs, a dit l'ancien président du Parlement européen désigné en début d'année à la tête du plus vieux parti allemand, ont envoyé un message clair pour retourner dans l'opposition.

"C'est une journée difficile et amère pour la social-démocratie allemande", a-t-il dit. "Ce qui nous déprime tous en particulier, c'est la force de l'AfD, qui ramène pour la première fois un parti de droite dure au Parlement dans une telle de position de force. C'est un tournant", a-t-il déploré.

L'AFD JUBILE

Avec un score projeté à 13,5%, un peu au-dessus des sondages qui lui étaient les plus favorables, le parti d'extrême droite AfD, qui s'est nourri de la crise des migrants fin 2015, fait pour sa part une entrée en force au Bundestag où il devient la troisième force parlementaire.

"Le futur gouvernement, quel qu'il soit, devrait se préparer à des temps difficiles. Nous allons les traquer, nous allons reprendre notre pays et notre peuple", s'est réjoui Alexander Gauland, un des deux chefs de file du parti durant la campagne.

Créée en 2013 pour lutter contre la monnaie unique européenne et les plans de renflouement dans la zone euro, Alternative für Deutschland s'est muée progressivement en un parti anti-immigration, xénophobe et dont certains des membres, à l'image de Gauland, redoutent que les Allemands "ne soient bientôt que des étrangers dans (leur) propre pays".