Le pape admet le retard pris par l'Eglise face aux abus sexuels

Le pape admet le retard pris par l'Eglise face aux abus sexuels

Le pape François a admis jeudi sans détour que l'Eglise catholique avait pris du retard pour reconnaître l'ampleur de la question des abus sexuels commis par des prêtres.

S'exprimant devant la Commission de protection des mineurs, qu'il a chargée de le conseiller sur cette question, il a également reconnu avoir pris une mauvaise décision dès le début de son pontificat en se montrant trop clément à l'endroit d'un prêtre italien qui a ensuite récidivé.

Afin d'accélérer les procédures, les prêtres reconnus coupables en première instance ne pourront plus faire appel si les preuves apportées lors d'un premier procès s'avéraient irréfutables, a annoncé le souverain pontife qui s'est écarté du texte préparé à la grande surprise de son auditoire.

"Il y a cette réalité selon laquelle l'Eglise a pris un peu trop de temps pour prendre conscience de ces crimes", a déclaré le pape François.

"Lorsque la prise de conscience arrive tard, les moyens de trouver une solution aux problèmes arrivent tard, eux aussi. Je suis conscient de cette difficulté et je le dis sans détour: 'nous sommes arrivés tard'".

Les premiers scandales d'envergure impliquant l'Eglise ont émergé en 1984 en Louisiane avant d'éclater en 2002 lorsque des journalistes ont découvert que les évêques de Boston avaient systématiquement muté les prêtres accusés d'abus sexuels au lieu de les priver de leurs fonctions.

Des milliers de cas ont depuis été rendus publics de par le monde, les enquêtes successives ayant encouragé les victimes à sortir de leur silence jusqu'à ébranler le prestige de l'institution.

CONSCIENCES ENDORMIES

"La pratique ancienne de déplacer les individus et de ne pas affronter le problème a endormi les consciences", a déploré le pape.

Tout le monde doit réaliser que les "abus sexuels" sont une "maladie" avec un taux de rechute extrêmement élevé.

"Celui qui se repent aujourd'hui risque de récidiver au bout de deux ans. Il faut se mettre en tête que c'est une maladie."

Le pape François a dit vouloir modifier les procédures en vigueur pour limiter les possibilités d'appels ouvertes aux prêtres reconnus coupables par les tribunaux ecclésiastiques.

"Si un abus sur un mineur est prouvé, c'est suffisant et il ne devrait y avoir aucun recours. Si la preuve est là. Point à la ligne, c'est définitif."

Le pape François est également revenu sur une erreur qu'il admet avoir commise au début de son pontificat lorsqu'il a appuyé la décision de l'évêque de Creme de ne pas défroquer un prêtre reconnu coupable de pédophilie.

"Je venais d'arriver. Je ne comprenais pas bien cette chose et j'ai choisi la plus clémente des deux décisions, mais après deux ans, le prêtre a récidivé. J'en ai retenu la leçon."