Référendum: des milliers de Catalans dans la rue

Référendum: des milliers de Catalans dans la rue

Le chef du gouvernement espagnol a appelé mercredi les dirigeants séparatistes de Catalogne a "arrêter l'escalade", alors que des milliers de Catalans protestaient contre les opérations policières pour prévenir l'organisation d'un référendum d'autodétermination interdit par la justice.

Mariano Rajoy a appelé les dirigeants du gouvernement régional catalan "qui ont pris la tête de ce défi (à) renoncer une fois pour toutes à cette escalade de (...) désobéissance". "Il est encore temps d'éviter de plus grands maux", a-t-il averti lors d'une intervention télévisée.

"Ils savent que ce référendum ne peut plus se réaliser. Il n'a jamais été légal ni légitime, maintenant c'est plus que jamais une chimère", a-t-il ajouté, après que la garde civil a saisi des millions de bulletins de vote et des dizaines de milliers de convocations des assesseurs des bureaux de vote.

Pendant qu'il parlait des milliers de personnes protestaient dans le centre de Barcelone contre les arrestations de cadres du gouvernement régional, selon un journaliste de l'AFP. Et certaines assuraient être prêtes à rester encore des heures, quitte à dormir sur place.

"Les forces d'occupation dehors!", criaient certains manifestants à Barcelone. "Nous voterons pour être libres", lisait-on sur des pancartes.

Quelques scènes de tension et bousculades ont opposé les forces de l'ordre aux militants, dont certains ont chahuté des voitures de la garde civile.

Un porte-parole du ministère espagnol de l'Intérieur a confirmé que 14 arrestations avaient eu lieu, essentiellement des hauts responsables du gouvernement de Catalogne.

Les forces de l'ordre ont mené des dizaines de perquisitions, dont certaines se poursuivaient dans la soirée.

Selon une source judiciaire, le magistrat les a ordonnées dans le cadre d'une enquête sur un présumé vol de données par les séparatistes pour constituer une liste des contribuables catalans.

Les gardes civils ont saisi mercredi près de 10 millions de bulletins de vote, à Bigues, à 45 km de Barcelone.

A Barcelone, le président séparatiste de la région Carles Puigdemont a accusé le gouvernement d'avoir "suspendu de facto l'autonomie de la Catalogne et appliqué de facto un état d'urgence", en violation des "droits fondamentaux".

Le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo a lui accusé les dirigeants indépendantistes de "chercher à gagner avec des manifestations de rue une légitimité qu'ils n'ont pas".

La Cour constitutionnelle avait prévenu les dirigeants et fonctionnaires catalans qu'ils ne pouvaient pas coopérer à l'organisation du "scrutin illégal" du 1er octobre.

Mais les indépendantistes, qui avaient adopté le 6 septembre une loi organisant le référendum et primant selon eux sur toute autre norme, ont ignoré l'avertissement.

Ils reprochent au gouvernement conservateur de Mariano Rajoy de rester sourd depuis 2012 à leur demande de les laisser tenir un référendum sur l'indépendance. Madrid leur répond qu'il n'est pas prévu par la Constitution, pas plus qu'en France, en Italie ou en Allemagne.

Dans la matinée, les échanges au Parlement espagnol ont été d'une rare violence.

"Retirez vos mains sales des institutions de la Catalogne", a lancé à M. Rajoy le député Gabriel Rufian du parti indépendantiste de gauche ERC (Gauche républicaine de Catalogne).

M. Rajoy a exigé que "cessent les menaces des (indépendantistes) radicaux contre les maires, les conseillers et les fonctionnaires qui défendent la légalité", alors que plusieurs dizaines de maires refusent de collaborer à organisation du referendum interdit et se plaignent d'insultes et de menaces, surtout sur les réseaux sociaux.