Bruxelles et Londres étalent leurs divergences sur le Brexit

Bruxelles et Londres étalent leurs divergences sur le Brexit

Négociateurs européens et britanniques sont parvenus à trouver certains terrains d'entente à l'issue de leur première session de discussions bien que les deux camps continuent d'exprimer des positions marquées par de fortes différences.

Au terme de quatre jours de négociations consacrées à des sujets majeurs, le chef des négociateurs européens, Michel Barnier, a fait jeudi le constat de "divergences fondamentales" entre Londres et Bruxelles.

Au côté du ministre britannique chargé du Brexit, David Davis, Michel Barnier a notamment évoqué le sort des ressortissants de pays membres de l'Union européenne résidant en Grande-Bretagne, la question de ce que doit payer le Royaume-Uni - plusieurs dizaines de milliards d'euros selon l'UE -, ou encore le dossier de la frontière séparant la République d'Irlande de l'Irlande du Nord.

Il a notamment insisté sur la nécessité que la Cour européenne de justice soit la juridiction chargée de la garantie des droits des citoyens européens après le Brexit, une demande dont les Britanniques ne veulent pas entendre parler.

"Toute référence aux droits européens implique leur contrôle par la Cour de justice de l'Union européenne", a affirmé Michel Barnier, appelant ses interlocuteurs britanniques à clarifier leurs positions sur la question du règlement financier et de la frontière irlandaise.

David Davis a dit avoir vu beaucoup de choses "positives" dans ce premier tour de table et a noté "des progrès".

Il a toutefois refusé de confirmer que la Grande-Bretagne avait accepté de verser à l'Union européenne ce que cette dernière lui réclame au titre de ses obligations financières avant le divorce.

"Nous sommes un pays qui reconnaît les responsabilités et les droits internationaux et nous allons essayer d'exercer l'un et l'autre dans l'avenir", a déclaré le ministre britannique en charge du Brexit.

Au total, environ 150 spécialistes ont participé à ces quatre jours d'entrée en matière : 98 pour l'équipe venue de Londres, appuyés par des diplomates britanniques basés à Bruxelles, et 40 pour l'équipe de Michel Barnier, soutenus par d'autres représentants de l'UE.

LA LIVRE EN BAISSE

La prochaine séance de négociations aura lieu en août.

Michel Barnier a demandé à Londres de clarifier d'ici là sa position sur la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, qui deviendra une frontière extérieure de l'UE dès mars 2019, date de la sortie effective du Royaume-Uni.

Les deux parties disent vouloir éviter d'imposer à nouveau des contrôles frontaliers entre la République et la province britannique, mais aucune solution n'a encore été proposée sur ce sujet sensible, près de deux décennies après les accords de paix en Ulster.

Les discussions entre Londres et Bruxelles doivent porter sur les termes du divorce d'ici à octobre avant de s'ouvrir à des négociations sur leurs futures relations.

Le ministre britannique du Commerce international, Liam Fox, a jugé jeudi sur les ondes de la BBC qu'un accord commercial avec l'UE devrait être des plus faciles à conclure car les deux parties ont déjà des normes réglementaires similaires et n'ont pas de tarifs douaniers.

Cet eurosceptique, qui a fait campagne pour le Brexit lors du référendum de juin 2016, a toutefois ajouté que le Royaume-Uni pourrait très bien se passer d'un accord, des propos qui ont pesé sur le cours de la livre.

La devise a perdu jeudi 1,4%, s'affichant à son plus bas niveau depuis huit mois contre l'euro, à 89,765 pence pour un euro.

Les déclarations de Liam Fox contrastent avec ceux du ministre des Finances Philip Hammond, pour qui l'absence d'accord serait un "très mauvais résultat".

Depuis le revers subi par la Première ministre Theresa May aux élections législatives du 8 juin, à l'issue desquelles les conservateurs ont perdu leur majorité absolue aux Communes, les divisions entre ministres sur le Brexit s'étalent au grand jour et compliquent encore la donne.