L'UE ne devrait pas limiter les investissements chinois

L'UE ne devrait pas limiter les investissements chinois

Les dirigeants européens ne vont pas soutenir, lors du sommet de l'UE, l'appel d'Emmanuel Macron qui prône la limitation des prises de participations d'investisseurs étrangers dans les industries stratégiques, selon quatre diplomates.

Ils sont d'accord pour surveiller ces investissements mais n'envisagent pas une nouvelle législation pour y faire barrage, ont-ils ajouté.

Si le rachat du suisse Syngenta par le chinois ChemChina, une opération de 43 milliards de dollars (37,5 milliards d'euros), a ravivé les craintes que l'Europe perde le contrôle d'activités stratégiques, de nombreux gouvernements de l'Union européenne sont trop dépendants des investissements chinois pour limiter le pouvoir de Pékin, ont dit ces diplomates.

"Je ne pense pas que bloquer les investissements chinois soit à l'ordre du jour", a déclaré un responsable de l'UE.

Lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui se tient jeudi et vendredi à Bruxelles, les dirigeants doivent discuter de cette Europe plus protectrice défendue durant la campagne électorale par le candidat Emmanuel Macron, une Europe qui limiterait les effets néfastes de la mondialisation.

A l'occasion de son premier sommet européen depuis son élection à la présidence, Macron veut plaider pour un mécanisme à l'échelle européenne qui permettrait de limiter les prises de contrôles étrangères dans certains secteurs industriels.

Sa proposition a reçu le soutien de l'Allemagne et de l'Italie. Le feu vert donné en avril par la Commission européenne à la fusion ChemChina/Syngenta contrarie Paris et Rome alors même que Pékin continue à restreindre les investissements étrangers en Chine.

Les investissements directs chinois dans l'UE ont bondi de 77% en 2016 par rapport à 2015, à plus de 35 milliards d'euros, tandis que ceux de l'UE en Chine ont accusé un repli pour la deuxième année consécutive, selon le Rhodium Group.

"Il faut que les Européens comprennent que leur mission c'est de défendre un système de régulation de la mondialisation fondé sur des règles, à la fois ouvert mais aussi très ferme quand la concurrence n'est pas loyale", a-t-on déclaré à l'Elysée.

Mais de petits pays comme la Hongrie et la Grèce, dont le premier port est passé sous pavillon chinois, dépendent eux des investissements chinois et s'opposent à toute tentative de blocage.

Dans l'entourage du président français, on reconnaît que certains Etats ne sont pas prêts à laisser une institution européenne décider pour eux.

"Environ la moitié des Etats membres ont un dispositif plus ou moins puissant de contrôle de certains investissements étrangers.(...) On n'est pas aujourd'hui encore mûr pour avoir un système qui prend la décision au niveau européen."

D'autres fervents partisans du libre-échange, comme la Suède, veulent empêcher toute mesure susceptible de promouvoir le protectionnisme défendu par le président américain Donald Trump.

Dans un souci de compromis, les dirigeants européens pourraient accepter "d'étudier les manières d'identifier et d'examiner les investissements de pays tiers dans les secteurs stratégiques", selon un projet de communiqué.

Ils devraient également souligner la nécessité de "respecter les compétences des Etats membres", la formule utilisée par l'UE pour limiter le pouvoir de la Commission.

La déclaration à l'issue du sommet devrait se borner à dire que les Etats sont seulement d'accord pour demander à l'exécutif européen de fournir des recommandations en matière de prises de contrôle étrangères.

"On ne s'attend à aucune proposition législative", a ajouté un des diplomates.