Le futur chef de la diplomatie américaine dénonce le "danger" russe

Le futur chef de la diplomatie américaine dénonce le

Le chef de la diplomatie américaine nommé par Donald Trump, l'ex-PDG d'ExxonMobil Rex Tillerson, a pris mercredi le contre-pied d'accusations de proximité avec Moscou en dénonçant le "danger" russe pour l'Europe et en assurant qu'Américains et Russes ne seraient "jamais amis".

Le patron du géant pétrolier mondial entre 2006 et 2016, auditionné par la commission des Affaires étrangères du Sénat pour être confirmé comme secrétaire d'Etat, est un proche du président russe Vladimir Poutine avec lequel le président élu des Etats-Unis prône justement un rapprochement.

Cette audition de M. Tillerson se tient dans un contexte extrêmement lourd: les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir interféré dans leur campagne présidentielle dans le but de favoriser Donald Trump et de discréditer Hillary Clinton. Et le prochain locataire de la Maison Blanche a démenti mercredi avoir fait l'objet de pressions russes, après que des médias eurent publié des notes du renseignement américain faisant état de dossiers compromettants sur lui qui seraient aux mains de Moscou.

"La Russie représente aujourd'hui un danger", a jugé d'emblée Rex Tillerson.

Il a condamné le fait que Moscou avait "envahi l'Ukraine en s'emparant de la Crimée et apporté son soutien aux forces syriennes", réclamant une "réponse vigoureuse" des Etats-Unis.

- Poutine, 'criminel de guerre' -

M. Tillerson, un Texan de 64 ans à l'imposante carrure et qui s'exprimait pour la première fois depuis sa nomination le 13 décembre, a toutefois refusé de suivre le sénateur républicain Marco Rubio accusant le président russe d'être un "criminel de guerre".

Celui qui a fait toute sa carrière chez ExxonMobil avait tissé dès 1999 une relation qu'il avait lui-même qualifiée un jour de "très proche" avec le chef du Kremlin. Ce dernier l'avait d'ailleurs décoré en 2012 de l'ordre de l'Amitié, une décoration décernée aux étrangers.

Rex Tillerson était donc attendu au tournant par le Sénat sur ses liens avec la Russie, notamment les investissements d'ExxonMobil dans l'industrie pétrolière russe.

Le sénateur démocrate Ben Cardin a ainsi accusé "le président Poutine d'avoir depuis plus d'une décennie tué l'émergence de la démocratie dans (son) pays et de s'être attelé à éroder le soutien à la démocratie en Europe".

"Nos alliés de l'Otan ont raison de s'alarmer de la résurgence de la Russie", lui a répondu M. Tillerson en condamnant les ambitions prêtées à Moscou en Europe.

Durant la campagne présidentielle, le candidat Trump avait vanté au contraire une détente Washington-Moscou et critiqué l'Alliance atlantique et son Article 5 stipulant le principe de solidarité entre Etats membres en cas d'agression extérieure.

Cela avait inquiété les alliés européens de l'Amérique.

Rex Tillerson, qui brigue la tête de la diplomatie américaine à la suite de John Kerry, a également reconnu que "même si la Russie cherche à se faire respecter sur la scène internationale, ses activités récentes sont allées à l'encontre des intérêts américains".

- 'Jamais amis' -

"Nous ne serons probablement jamais amis" en raison de "systèmes de valeurs clairement différents", a-t-il encore souligné.

Au contraire, le président élu Trump, qui n'a cessé de saluer l'"intelligence" de M. Poutine, a encore affirmé mercredi lors de sa première conférence de presse depuis son élection le 8 novembre, que si le chef de l'Etat russe l'appréciait, c'était "un atout".

Rex Tillerson est aussi passé sur le gril du Sénat à propos du piratage informatique durant la présidentielle américaine pour lequel Washington accuse Moscou. Il a indiqué du bout des lèvres qu'on "pouvait raisonnablement penser" que le président Poutine était derrière.

Mais pour l'industriel, totalement novice en politique, la riposte américaine, sous forme de sanctions imposées par le président sortant Barack Obama, "fait du mal aux milieux d'affaires américains" désireux d'investir en Russie.

Même si la politique étrangère de M. Trump reste floue, le milliardaire veut non seulement se rapprocher de M. Poutine, mais aussi être ferme avec la Chine, notamment en matière commerciale.

Ainsi, Rex Tillerson a déploré que Pékin "n'ait pas été un partenaire fiable pour user de son influence afin d'endiguer la Corée du Nord" et ses programmes militaires balistique et nucléaire sanctionnés par la communauté internationale. Il a jugé que les objectifs de la seconde puissance mondiale pouvaient être "en conflit avec les intérêts américains".

Les ministres nommés par M. Trump ont besoin de 51 sénateurs sur 100 pour être confirmés. Les républicains contrôlent 52 sièges au Sénat. Si tous les démocrates et trois républicains votent contre Rex Tillerson, il ne sera pas secrétaire d'Etat.